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Deux grandes villes se trouvent sur le territoire d’Irlande du Nord, deux villes marquées par les affrontements communautaires, deux villes totalement différentes. Suivez-moi pour en découvrir les principaux aspects.
Derry, mon coup de cœur en Irlande du Nord
Me voilà donc en Irlande du Nord. J’ai passé la frontière ce matin à Killea en provenance du Donegal et Derry est la première ville importante que je rencontre sur ma route. Je me demandais ce que j’allais y trouver. Je la savais dramatiquement marquée par les affrontements intracommunautaires. D’ailleurs si les nationalistes (irlandais) utilisent le nom de Derry, les unionistes (anglais) l’ont baptisée Londonderry. Les revendications s’affichent haut et fort sur d’immenses fresques dans le quartier de Bogside. Mais la ville est aussi marquée par une histoire plus ancienne. Ainsi, c’est la seule ville encore entièrement fortifiée de nos jours.
Peace Bridge
Je laisse la voiture à l’entrée de la ville dans un grand parking bordé par la rivière Foyle avant de partir explorer la cité à pied. Elle est bien large cette rivière et ses bords sont très fleuris. Il y a même dauphin qui remonte vers l’océan ! Mon regard est attiré par un pont blanc, aux piliers inclinés.
Peace Bridge est un pont piéton, le Pont of departure ou encore le Peace Bridge. De construction récente (2011), il constitue désormais un symbole pour la ville en reliant deux communautés, celle du centre-ville, loyaliste, à celle d’Ebrington, de l’autre côté de la rivière, nationaliste. Baptisé Peace Bridge, il porte un message de paix jusque dans son architecture : ses piliers inclinés symbolisent le rapprochement et la réconciliation des deux communautés.
Sur ce pont se trouve également une plaque rappelant que c’est d’ici, qu’au 18ᵉ siècle, des Prébytériens d’Ulster émigrèrent vers Terre-Neuve, la Nouvelle Écosse, Boston ou encore Philadelphie, fuyant les conséquences discriminatoires des lois pénales édictées par le Parlement d’Angleterre et les fortes répressions qui s’ensuivirent sur leur communauté.
Il ne faut pas hésiter à s’engager un peu sur le pont, car il offre une jolie vue sur les collines et sur la cité fortifiée.
Balade sur les fortifications
Derry est une ville entièrement fortifiée et c’est assez exceptionnel. On peut en faire le tour sans jamais quitter les remparts. Et c’est une très jolie balade : imaginez 1.6 km de remparts toujours debouts, dans un magnifique état de conservation. Ils ont été construits au 17ᵉ siècle. Ils sont percés de 3 portes principales. De là-haut, les points de vue s’enchaînent et sont comme un appel à visiter tel ou tel quartier. Des panneaux explicatifs sont disposés tout le long donnant des détails sur l’histoire de la ville.
Le nom de Derry provient du mot irlandais « Daire » qui signifie « chênaie ». Derry était alors une île entourée d’eau et de marais (Bog). Au 5ᵉ siècle, Saint Columb fonda ici un monastère. Par la suite, la ville devint un grand centre de production de bois. Elle était protégée par d’importantes fortifications. En 1689, Derry fut assiégée pendant 105 jours par le catholique Jacques II. Les portes de la ville furent fermées par de jeunes hommes baptisés les « Apprentice Boys » et Derry résista !
Ma découverte commence au pied du Guildhall, un imposant bâtiment tout en briques rouges qui ressemble à une église avec un clocher et des vitraux immenses… et une horloge copiée sur celle de Big Ben. C’est en fait l’hôtel de ville. Ici se réunissent les guildes de la ville, des membres élus.
Une volée d’escaliers situés tout à côté permet d’accéder en haut des fortifications. Quelques canons sont disposés. Il y a aussi de nombreux panneaux d’informations, relatant l’histoire de la ville et des différents monuments. La promenade permet de découvrir les différents visages de Derry : à l’intérieur des fortifications, des quartiers historiques, à l’extérieur, des constructions plus récentes et notamment Free Derry et ses murales.
Sur les remparts se dressent une étonnante église, Saint Augustine’church of Ireland. Elle est toute petite, entouré d’un jardin tout aussi petit abritant quelques tombes. Elle a été édifiée en 1872 à l’emplacement de l’abbaye de Columba, fondée au VI°siècle. Ça vaut le coup d’aller y jeter un œil ; à l‘intérieur il y a quelques jolis vitraux.
Je profite d’arriver à Bishop’s Gate pour descendre des remparts. La porte est surmontée d’une tête sculptée représentant le dieu de la rivière Boyne (selon la légende celtique, la Boyne est la mère de toutes les rivières d’Irlande).
Un peu plus loin, je découvre la cathédrale. Elle est dédiée à Saint Columb, qui évangélisa l’Irlande. Édifiée au 17ᵉ siècle, elle a des allures un peu guerrières. Des créneaux bordent la toiture. Le clocher a servi de tour défensive, abritant autrefois une pièce d’artillerie. En témoigne le boulet de canon exposé sous le porche de la cathédrale. Ce boulet a une histoire : il contenait la demande de capitulation de la ville. Demande qui fut immédiatement rejetée : « no surrender » ! Ce fut la première cathédrale protestante d’Irlande. Il y a à l’intérieur de nombreux objets historiques comme les cadenas des portes de la ville qu’utilisèrent les Apprentice Boys.
À l’intérieur des fortifications, il y a un quartier dédié aux artisans, installés dans des maisons ouvrières, Craft Village. On peut y voir une maison du Donegal avec son toit de chaume. Les rues ici sont toutes piétonnes. C’est un quartier très agréable.
Free Derry
S’il est une visite à ne pas manquer, c’est bien celle du Bogside . Ce serait dommage de se contenter de la vue des remparts.
« You are now entering free Derry », phrase inscrite en très gros caractères noirs sur un mur blanc, telle un véritable cri. Elle commémore le Bloody Sunday de 1972, une manifestation qui se voulait pacifique. Mais l’armée ouvrit le feu sur la foule faisant 14 morts, un événement qui choquera le pays entier. 10 ans plus tard, alors que le conflit n’en finit pas, que Bobby Sands vient de mourir de grève de la faim, U2 sortira « Sunday Bloody Sunday».
Découvrir les immenses fresques, dont les images ont fait le tour du monde, est émouvant. Elles sont fortes, immenses, poignantes. Elles ont été réalisées dans les années 90 par un groupe d’artistes indépendants. Le quartier regorge de murales. Il y en a de très connues, mais j’en ai découvert de nombreuses autres en remontant vers la cathédrale Saint-Eugène.
La cathédrale Saint-Eugène est construite à flanc de colline. J’y suis entrée pour m’abriter, car il pleuvait et je n’ai pas regretté. Elle est très lumineuse, possède de magnifiques vitraux et du jardin, il y a un point de vue sur la cité fortifiée.
Au final, j’ai beaucoup aimé Derry. Je l’ai trouvé très animée et très colorée. Il y a beaucoup de choses à découvrir et je recommande d’y passer au moins une journée.
Le coin pratique
- se garer : à l’entrée de la ville, au bord de la Foyle sur Foyle street, parking payant
- informations :
- sur la ville
- sur les fortifications (plaquette à télécharger)
Belfast, capitale d’Irlande du Nord
Arrivée un dimanche soir à Belfast, je dois avouer que le premier contact n’a pas été terrible. J’ai trouvé la ville triste, pas très propre. Et pour la première fois en 3 semaines, la température a chuté : il pleut et il fait 14° en plein mois d’août.
Alors, le lendemain matin, pour me réconcilier avec la ville, je décide de prendre un bus Hop on Hop off. Au moins, je serai à l’abri et au chaud. Au final, j’ai surtout visité 2 quartiers : celui du Peace Wall et celui de l’hôtel de ville.
Les fresques de Peace Wall et Falls Road
Peace Wall, c’est ce mur immense recouvert de fresques et de nombreux messages. Il a été érigé dans les années 70 pour séparer les quartiers catholiques et protestants. Le gouvernement actuel avait prévu de le détruire en 2023. En attendant, il est devenu une véritable attraction touristique avec des files de bus qui déversent des dizaines de touristes armés de marqueurs pour imprimer une trace de leur passage sur le mur. Un peu trop à mon goût. Tags, graffitis, fresques se superposent ; il y en a pour tous les goûts. Au-delà du symbole, ce n’est pas l’endroit que j’ai préféré.
Pas très loin, il y a le quartier de Falls Road qui regorge de magnifiques fresques se référant à l’histoire de l’Irlande et de l’IRA. C’est ici que j’ai pu voir le portrait de Bobby Sands peint sur la façade du bureau du Sinn Fein. Pour rejoindre le Peace Wall, j’ai bifurqué dans Northumberland Street où il y a là aussi de nombreuses fresques peintes sur les murs des bâtiments. De ce côté-ci, on trouve des représentations d’autres combats, comme ceux du Pays Basque, de la Nouvelle Calédonie, de Cuba, de la Palestine et d’Israël.
Belfast City Hall et autour
Le City Hall est un imposant bâtiment, surnommé le « Titanic de pierre », siège du premier parlement d’Irlande du Nord. Surmonté d’un dôme massif, orné de plusieurs colonnes, il est plutôt pompeux. Et l’intérieur est à la hauteur de l’architecture extérieure, notamment le hall d’entrée (sous le dôme donc) et son plafond. Le bâtiment abrite une exposition intéressante sur l’histoire de Belfast avec la présentation de nombreux documents et objets. Lors de ma visite, j’ai pu croiser dans les couloirs la maire de Belfast, Christina Black, élue en 2022. Elle portait une imposante chaîne en or avec les emblèmes de la ville.
Le quartier situé autour du City Hall est agréable, très animé, avec quelques beaux bâtiments comme la Linen Hall Library, une bibliothèque, ou dans un autre style le Crown Liquor Saloon dont la façade et l’intérieur sont un mélange de style victorien et italien hauts en couleurs.
Au final, je me suis un peu réconciliée avec Belfast même si je n’en garderai pas un souvenir inoubliable. Déambuler dans les rues piétonnes autour du City Hall est agréable. J’ai beaucoup aimé le street art, présent partout dans la ville. En une journée, j’ai eu un aperçu de l’hyper centre et de West Belfast, quartier au cœur des affrontements. Je suis passée très vite dans les autres quartiers, aperçus depuis le bus touristique Hop on Hop off, notamment, le quartier de l’université et celui du Titanic.
Le coin pratique
- dormir à Belfast : Tara Lodge , un hôtel confortable situé à deux pas de Queen’s University et à moins de 10 mn à pied du centre ; l’hôtel dispose d’un parking ; il est également très facile de se garer gratuitement dans la rue devant l’hôtel.
Autre article sur l’Irlande du Nord sur ce blog : Sur la Causeway Coastal Route
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