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Cette destination marque le début d’un périple en train et bus de 15 jours, début pimenté par un petit coup de stress. Suite à d’importantes inondations, le réseau ferré ne fonctionne pas sur certaines lignes. La remise en service est prévue à l’automne… Du coup, pour rejoindre Takayama, nous devons prendre le shinkansen jusqu’à Nagoya puis enchaîner avec un bus, que j’ai réservé in extremis la veille à 6 heures du matin et sur lequel il ne restait plus que 5 places. Ouf ! Nous constatons une nouvelle fois que tout est très bien indiqué. Le passage de la gare ferroviaire à la gare routière se fait facilement, et il en va de même pour trouver le bon bus. Nous traversons rapidement la ville de Nagoya, puis, nous découvrons des maisons aux tuiles bleues, des rizières à perte de vue,… et aussi ces câbles électriques qui sillonnent le pays et rendent les photos compliquées, sauf à se dire que ça fait partie intégrante du paysage. En effet, au regard du risque sismique particulièrement important au Japon, les câbles ne sont pas enterrés.
Takayama et son coeur de ville historique
Nous parvenons en fin de matinée à Takayama, où nous avons réservé un logement sur Airbnb ; c’est le plus confortable que nous ayons eu : non seulement il est très bien équipé, mais en plus les pièces sont particulièrement grandes pour le Japon. A peine les sacs déposés, nous filons visiter la veille ville, de l’autre côté de la rivière. Sur le pont se dresse un grand tori blanc. C’est dimanche… il n’y a personne dans les rues. Après plusieurs jours passés à Tokyo, nous apprécions ce calme. Les rues sont étroites, bordées de maisons en bois à un étage. Elles sont tracées en damiers, à l’image de la ville de Kyoto, ce qui lui vaut son surnom de « petite Kyoto des Alpes ». L’eau s’écoule dans une petite rigole située sur les côtés ; une eau, réputée pour sa pureté qui est utilisée pour le brassage du saké. Takayama en produit depuis le 17ème siècle. Les distilleries sont reconnaissables aux grosses boules en aiguilles de cèdre suspendues au-dessus des portes.
De temps en temps, il y a des maisons avec des doubles portes immenses qui font toute la hauteur du rez de chaussée à l’étage. Derrière ces portes appelées des « Yatai-gura » se cachent des chars de Matsuri. Un musée leur est d’ailleurs consacré. C’est le premier endroit que nous avons visité. Ici sont rassemblés de magnifiques chars à étages qui défilent lors des fêtes traditionnelles organisées en l’honneur d’une divinité, ou comme ici à Takayama, pour célébrer le printemps et l’automne. Ils sont considérés comme les plus beaux du Japon. Et il est vrai qu’ils sont étincelants, ornés d’une multitude de gravures, de laques, de ferronneries, de dorures… Certains portent des marionnettes à l’effigie de divinités ou de personnages de la noblesse japonaise. Les chars sont exposés dans une salle entièrement vitrée dont on peut faire le tour et qui permet de bien les admirer. A leurs côtés sont disposés des mannequins symbolisant les conducteurs de chars en tenue traditionnelle.
Musée des chars de Matsuri
A l’arrière de ce musée, à flanc de montagne, se trouve le Sakurayama Hachiman-gu, un sanctuaire shinto dédié à la protection de la ville. Entièrement construit en bois de cèdres, il se fond avec la forêt qui l’entoure. On peut ensuite continuer à grimper et croiser ainsi des statues et quelques tombes. La promenade est très agréable et peu fréquentée.
Sakurayama Hachiman-gu Derrière le sanctuaire
Nous avons ensuite passé un bien agréable moment à déambuler dans les ruelles au cours duquel nous avons vu de très belles maisons en bois dont la maison Yoshijima (qui appartenait à un marchand). Le fait que Takayama soit géographiquement un peu éloignée des grands centres lui a permis de conserver son coeur de ville qui date de l’ère Edo.
Nous avons clos cette belle journée par un repas chez Kyoya, un restaurant qui sert du bœuf Hida, le Hida-gyu. On peut s’asseoir soit sur des tatamis autour de grils à charbon soit plus classiquement sur des chaises. Le plat est préparé directement sur la table, sur des braises, dans une feuille de magnolia. Ainsi cuite, la viande est particulièrement fondante. Une nouvelle fois, et malgré le barrage de la langue, nous avons été très gentiment accueillis et conseillés. Même si le prix du repas est élevé, l’expérience vaut vraiment le coup.
Boeuf Hida chez Kyoya
De la visite des marchés à la confection d’une poupée traditionnelle
Nous avons commencé notre deuxième journée par une balade le long de la rivière Miya-gawa. A proximité du pont Kaji-Bashi se tient tous les matins un grand marché, le Miya-gawa Asa-ichi. On y trouve des produits frais ainsi que de l’artisanat. L’un des vendeurs nous fait goûter des galettes de riz parfumées vraiment trop bonnes… on est reparti avec un paquet ! Il existe un second marché, plus petit, de l’autre côté de la rivière, le Jinya-mae Asa-ichi. Il y a essentiellement des vendeurs de fruits et légumes : des pommes, des pêches, de toutes petites aubergines, des cornichons…
A proximité de ce marché se trouve le Takayama Jinja. Un très joli bâtiment, plutôt sobre et entouré d’une enceinte. Érigé au 17ème siècle, il fut le siège du gouvernement provincial du shogunat. Il est aujourd’hui transformé en musée (que nous n’avons pas visité, mais juste parce que nous préférions nous promener dans la ville). En chemin, nous sommes entrés dans un tout petit temple coincé entre deux maisons où plusieurs personnes reproduisaient des peintures traditionnelles de chevaux.
Takayama Jinja
Mais on a beau être dans les Alpes, en ce début d’après-midi, la chaleur devient vite infernale. Nous ne nous sentons pas le courage de faire le circuit permettant de découvrir les différents temples et sanctuaires qui entourent Takayama… Nous décidons de prendre le bus pour nous rendre à Hida-No-Sato, situé un peu plus haut dans la montagne. Et bien nous en a pris, car il y avait, sous les arbres, une petite bise très appréciable. Hida-No-Sato, c’est un village musée : ici ont été transportées de vieilles maisons en bois, certaines avec des toits en chaume. Elles ne sont pas habitées, mais dedans sont reconstituées des scènes de la vie quotidienne, comme un atelier de tissage par exemple. Les toits sont très pentus et faits pour supporter le poids de la neige, car les hivers sont très rigoureux. On peut grimper jusque sous les toits ce qui permet de voir l’assemblage des poutres du toit avec des cordes, un travail impressionnant. Nous avons terminé la visite par la réalisation d’un « saru-bobo », littéralement «bébé singe » : il s’agit en fait d’une poupée rouge aux membres pointus et au visage dépourvu de trait. Traditionnellement, ce sont les grands-mères qui les confectionnent pour leur petite-fille en guise de porte-bonheur pour le mariage. Le saru-bobo n’a pas de trait de visage afin que son possesseur puisse les imaginer selon son état d’esprit du moment.
Hida No Sato
Ainsi s’achève notre court séjour à Takayama. Ah non, j’oubliais : nous avons pris le temps de nous arrêter dans une pâtisserie pour acheter de jolis gâteaux sans trop savoir ce que c’était. Impossible de comprendre ce que tentait désespérément de nous expliquer le vendeur. Nous sommes donc repartis avec un assortiment !
Saru-bobo
Nous avons beaucoup aimé Takayama. C’est le style d’endroit où l’on se dit : « je m’y poserais bien quelques jours », d’autant plus que nous n’avons pas eu le temps – et aussi le courage – de tout explorer. Mais demain, nous reprenons nos sacs pour une nouvelle étape : direction Kanazawa avec un arrêt à Shirakawa-go.