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L’Alsace, entre Ill et Rhin

Ça aurait pu être une journée de vacances pourrie tellement la pluie tombe sans discontinuer. Nous décidons malgré tout de partir au sud de Strasbourg et d’explorer la région située entre l’Ill et le Rhin. Le programme du départ est tombé à l’eau, faire du vélo dans le Grand Ried. Tant pis, c’est en voiture que nous irons l’explorer… ou pas en commençant par deux jolies cités.

Sortis de Strasbourg, nous quittons rapidement l’autoroute pour emprunter la D1083. C’est l’occasion de traverser de jolis villages. On les repère de loin grâce à leurs clochers qui dominent la plaine ; une plaine qui s’étend à perte de vue vers le sud, et qui vient butter sur les Vosges à l’ouest. Une plaine occupée majoritairement par des cultures de maïs, parfois de choux, mais aussi de tabac, qui, au mois d’août, sont hauts et en pleines fleurs. Petit crochet par la D288 pour traverser Nordhouse et Erstein, de charmants villages certes, mais toujours sous la pluie.

Coup de cœur pour Ebermunster

Au cours de précédentes excursions, nous avions remarqué une église qui se détachait du paysage avec ses trois tours aux rondeurs bulbeuses. Intrigués, nous décidons de nous y rendre. Nous découvrons qu’il s’agit du village d’Ebermunster. Il est traversé par l’Ill. Une fois franchi la rivière, on se retrouve aux pieds d’une magnifique église, pour laquelle j’ai eu un véritable coup de cœur. Pour son style baroque qui n’est pas sans rappeler l’architecture autrichienne, pour sa façade ocre et rose, pour son intérieur tellement lumineux où le blanc domine.
Il s’agit en fait d’une abbatiale qui possède trois clochers à bulbe vernissés, deux en façade qui encadrent l’entrée, et un à l’arrière ; une façade ornée de gré rose provenant des Vosges toutes proches. L’abbatiale est dédiée à Saint Maurice qui est d’ailleurs représenté sur la façade dans le fronton enserré entre les tours. Elle a été construite au 18ème siècle à l’emplacement de l’abbaye originelle érigée au 12ème siècle. Elle fut incendiée au 17ème siècle par les troupes suédoises pendant la guerre de Trente ans.

C’est à l’intérieur qu’une belle surprise attend le visiteur. Il y a tout d’abord cette luminosité qui étonne. Ici, c’est la couleur blanche qui domine, mais un blanc rehaussé de peintures aux couleurs vives. Des peintures qui ornent le plafond et les murs et représentent des scènes de la vie de Saint Maurice, et aussi celle de Saint Benoît, car, à l’origine, il s’agissait d’une abbaye bénédictine. Tout au fond, dans le chœur, une immense couronne est suspendue au-dessus de l’autel. Il y a aussi ces confessionnaux, tout de bois blanc décorés de motifs dorés. Enfin, il y a un grand orgue qui résonnait joliment dans l’église le jour de notre visite.

Le village est relativement petit ; on peut y voir quelques belles maisons à colombages, dont certaines bordent intimement l’Ill. Parfois, des barques sont accostées aux maisons.

Sélestat et sa bibliothèque humaniste

Nous poursuivons notre chemin, direction Sélestat… la pluie s’est intensifiée. Garés aux pieds de l’église Saint Georges, nous nous y réfugions. Il s’agit d’un édifice gothique du 13ème siècle très imposant tout de gré rose ; son clocher abrite pas moins de six cloches. A l’intérieur, il y a de très beaux vitraux.
Quelques pas sous la pluie… et nous voilà dans une deuxième église, située presque en face de la première, l’église Sainte Foy. De style roman, elle est un peu plus ancienne ; elle fut érigée au 12ème siècle. Elle a ma préférence avec sa façade encadrée de deux tours.

Il pleut toujours autant… Du coup, nous jetons notre dévolu sur la bibliothèque humaniste. Elle est installée dans l’ancienne halle aux blés, un bâtiment de 1843. De très vieux manuscrits y sont exposés, notamment la collection de Beatus Rhenanus, un humaniste du 16ème siècle. Il fit don de ses œuvres à la ville. On peut même voir son cahier d’écolier, d’un volume impressionnant. J’ai bien aimé le fait d’avoir accès à tous ces manuscrits grâce à une table numérique. Un très bel endroit à ne pas manquer lors d’une visite à Sélestat. Sans cette pluie, nous serions probablement passés à côté sans y entrer, et ça aurait été vraiment dommage. Il ne faut pas hésiter à faire le tour du bâtiment pour découvrir les dessins qui ornent la façade et encadrent les fenêtres. On peut y voir le blason de la ville représenté par un lion, mais aussi l’aigle impérial allemand qui rappelle que l’Alsace fut autrefois annexée à l’Allemagne.

Bravant la pluie, nous avons déambulé un peu au hasard dans les rues de la ville, l’occasion de voir plusieurs belles maisons à colombages, colorées, décorées de fresques en trompe l’œil avec parfois aussi des statues installées dans des alcôves. La ville conserve aussi des tours qui faisaient partie des fortifications, comme la tour de l’Horloge, encore appelée tour des Chevaliers ou tour Neuve. Elle est vraiment belle avec son balcon crénelé et ses quatre tourelles d’angle. Nous avons parcouru de jolies rues pavées, dont celles du quartier des tanneurs, l’un des plus anciens quartiers de la ville. Autrefois, un cours d’eau coulait au milieu du Quai des Tanneurs. A cet endroit, les corroyeurs, ceux qui préparent le cuir, lavaient les peaux pour les tanner ensuite. Il est aujourd’hui comblé.

Le Rhin, un fleuve imposant

Nous quittons Sélestat pour pénétrer dans le Grand Ried, et plus particulièrement l’Ill Wald (forêt de l’Ill). La route s’enfonce dans une zone boisée, très verte, comme une impression d’être seul au monde. Il faut dire qu’il pleut sans arrêt depuis ce matin. Il n’y a pas beaucoup de courageux pour mettre le nez dehors… Le Grand Ried est un espace naturel boisé où l’on peut croiser de nombreux animaux. C’est leur domaine. Ainsi, cette famille cygnes, un couple et ses quatre rejetons, nonchalamment installés dans l’herbe tout au bord de la route. A notre passage, les adultes redresseront le cou comme pour se montrer plus forts et émettrons un sifflement grave pour nous interdire d’approcher.

Nous décidons de regagner la D20 à la hauteur de Schoenau pour longer le Rhin. Mais le Rhin est un fleuve large, imposant, puissant. Il est « tenu » dans son lit par de hautes digues. Du coup, de la route, on ne peut pas le voir. Il faut marquer un arrêt, escalader la digue pour mesurer sa force. Nous voulions aller sur l’île de Rhinau qui abrite une réserve naturelle ; mais il a tellement plu que la route qui y mène est inondée et fermée à la circulation.

En longeant le Rhin, ce qui a retenu notre attention, ce sont les ouvrages hydrauliques construits sur le fleuve. Il y a des barrages immenses, d’où l’eau jaillit dans un vacarme assourdissant ; il y a aussi plusieurs écluses – toutes aussi immenses – qui permettent de compenser la pente naturelle du Rhin et de faire du fleuve un axe commercial et touristique important emprunté par des péniches et des bateaux de croisières entre Bâle et Rotterdam.
Ainsi, à Rhinau, nous avons pu voir l’écluse en fonctionnement, un véritable spectacle. Une écluse composée de deux sas parallèles et commandés depuis une tour de contrôle. Les portes des écluses ressemblent à de lourds rideaux métalliques. Ils se lèvent lentement laissant la voie libre à un long convoi chargé de matériaux.

Nous marquons un deuxième arrêt un peu plus au nord, à la hauteur du barrage et de l’écluse de Gerstheim, des ouvrages encore plus impressionnants que ceux de Rhinau. L’écluse, le barrage et la digue servent de pont-route transfrontalier entre la France et l’Allemagne.

Le mot de la fin

Alors bien sûr, nous sommes déçus de ne pas avoir pu explorer le Grand Ried et la réserve de Rhinau ; nous aurions préféré voir ces paysages sous le soleil. Mais grâce à la pluie, nous avons fait une belle découverte, celle de la bibliothèque humaniste de Sélestat. Et voir le Rhin sous le ciel gris nous a probablement mieux fait sentir sa puissance.

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