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Balade Sans Souci à Potsdam

Sans Souci, un nom français pour un château prussien. Il est même gravé sur la façade. Le roi en avait fait un havre de culture à la française. Il y invitait les intellectuels de son époque pour y étudier la philosophie, la littérature et la musique. Le français était d’ailleurs la langue d’usage en ce lieu. Voltaire y séjourna presque 3 ans (avant de se brouiller avec le roi ! ).

Sans Souci est un parc de 500 hectares dans lequel je ne m’attendais pas à trouver plusieurs châteaux. Je ne connaissais que Sans Souci qui fut d’ailleurs le premier à être construit. Au fil des ans, plusieurs autres édifices s’en suivirent, le plus souvent inspirés de bâtiments prestigieux italiens ou français.
Je vous invite à me suivre à la découverte de ce parc, à la rencontre du faste prussien et à une plongée dans la démesure.

Trois châteaux dans un immense parc

Le parc comporte pas moins de trois châteaux, de styles très différents. Commençons par le plus connu d’entre eux, celui de Sans Souci.

Sans-souci, le plus élégant

C’est pour moi le château le plus élégant du parc. En raison de sa situation, tout d’abord : pour y accéder, il faut franchir six niveaux de terrasses en gradins, des terrasses plantées de vignes, de pruniers et de figuiers. Frédéric le Grand, à l’origine de ce château, voulait cultiver des fruits et produire du vin aux portes même de Potsdam. Tout en haut donc, apparaît le bâtiment comme posé sur un écrin.
En raison de son allure, ensuite : construit sur un seul niveau, en forme de demi-cercle, il s’inspire du Grand Trianon de Versailles. En façade, chaque fenêtre est encadrée par d’imposantes sculptures, souvent inspirées du mythe de Dyonisos. Érigé au 18ᵉ siècle (1745 – 1747), il devait servir de résidence d’été, d’où son nom «Sans, Souci.», avec une virgule et un point, tel qu’il est écrit sur la façade. Plusieurs explications plus ou moins fantaisistes sont données à cette écriture : serait-ce un rébus destiné à Voltaire ou bien une allusion à son homosexualité, nous ne le saurons jamais. Le château ne comporte qu’une dizaine de pièces. C’était un lieu fait pour se distraire, pour débattre de la philosophie ou écouter des concerts. On y trouve la chambre de Voltaire avec qui le roi travaillait sur des poèmes. À l’arrière du château, le faste continue avec la reconstitution dans la cour d’honneur de colonnades imitant des ruines antiques.

L’Orangerie, mon préféré

C’est celui que j’ai préféré. Une longue allée arborée permet d’atteindre l’Orangerie depuis le Belvédère. L’idée était de faire de ce palais le point culminant de la « route du triomphe ». Construit au 19ᵉ siècle à partir des dessins du roi Frédéric-Guillaume IV, c’est le palais le plus récent du parc. Le cœur du bâtiment s’inspire de la villa Médicis avec une façade toute en colonnade encadrée de deux tours carrées et qui se reflètent dans un grand bassin. À l’intérieur, on peut trouver la copie d’une cinquantaine d’œuvre de Raphaël. De chaque côté, les longues ailes du bâtiment abritent encore aujourd’hui les plantes méditerranéennes l’hiver. L’ensemble mesure 300 mètres de long ! Comme Sans-Souci, ce palais est posé en haut d’une colline, dominant l’ensemble du parc.

Neues Palais, le plus pompeux

C’est celui que j’ai trouvé le plus étrange. Ce qui frappe en arrivant, c’est la façade en briques rouges et les nombreuses statues qui ornent le toit. À l’inverse de Sans Souci, c’est un château pour le moins pompeux, richement (lourdement) décoré. Ici, le style rococo est à l’honneur. À l’intérieur, la salle des grottes décorée de plus de 24 000 coquillages était faite pour impressionner.
Et pour cause, le roi Frédéric II, à l’origine de ce château, voulait montrer que la richesse et le pouvoir de l’État prussien n’avaient aucunement été entamés par la guerre de 7 ans qui opposa (entre autres) l’Autriche et la Prusse. Ainsi, il choisit d’utiliser la brique pour agrémenter la façade. Mais c’est un matériau qui coûte cher, et si on observe bien, on remarque qu’à certains endroits, la brique a tout simplement été imitée par de la peinture…

Parallèle au château, il y a une autre construction à l’architecture singulière : il s’agit de deux édifices dont l’accès se fait par un escalier à double volée ; ils sont reliés entre eux par un passage couvert en courbe orné de colonnades, de statues et d’obélisques. Ce passage avait pour vocation de cacher la vue sur les marais depuis le château. Quant aux deux édifices, qui ont des airs de petits châteaux, ce sont les communs : à l’intérieur se trouvaient les cuisines, les magasins maraîchers, le palais des gardes. En 1896, Guillaume II fit creuser un tunnel pour les relier au Neues Palais et permettre ainsi un passage à l’abri des intempéries. Je suis assez frappée de voir ces communs aussi éloignés du château ; il y a facilement une distance de 100 mètres.

Il existe un quatrième château que nous n’avons pas eu le temps d’aller voir, celui de Charlottenhof, construit à l’origine à l’extérieur du parc de Sans Souci. Il fut rattaché au domaine en 1826. Son architecture est inspirée des villas romaines ; à l’intérieur, l’une des salles a été décorée et meublée comme une tente romaine.

Les autres curiosités, comme un voyage en Europe et en Asie

Découvrir ainsi trois châteaux dans ce parc était une réelle surprise. Mais je m’attendais encore moins à y trouver aussi des édifices, certes beaucoup plus petits, dont chacun constitue une véritable surprise.

Friedenkirche, comme un air d’Italie

C’est le premier bâtiment que l’on rencontre lorsqu’on pénètre dans le parc de Sans Souci. La Friedenskirche est une église protestante qui abrite les tombeaux de Frédéric Guillaume IV et de son épouse. Son clocher est un campanile, copie de celui de l’église romaine de Santa Maria in Cosmedin. L’intérieur est plutôt sobre. Il y a une magnifique mosaïque au-dessus de l’abside : elle date du 13ᵉ siècle et a été ramenée de l’île de Murano à Venise par Frédéric Guillaume. Il y a également un beau cloître. L’église est, par ailleurs, entourée de très agréables jardins fleuris. Elle mérite le détour.

Le belvédère, comme un air d’Italie (bis)

Le Belvédère de Klausberg, construit sur une hauteur, offre une vue sur le parc et la ville. Inspiré du palais impérial du Mont Palatin à Rome, il est en forme de rotonde. Construit sur deux niveaux, il comporte un escalier à double volée. Il est orné de nombreuses colonnades avec des chapiteaux et de statues tout en haut de l’édifice.

La Drachenhaus, comme un air d’Asie

Tout à coup, au milieu des arbres, une pagode émerge. Comme un petit air d’Asie, mais inspirée de la pagode des jardins de Kew près de Londres. Chaque pointe du toit est ornée d’un dragon doré. Construite en 1770, elle servait de logement au vigneron. Aujourd’hui le lieu a été transformé en restaurant.

Le moulin à vent, comme un air des Pays-Bas

Dernière curiosité de ce parc, un moulin hollandais. Construit vers la fin du 18ᵉ siècle, il a fonctionné jusqu’en 1858.
La légende raconte que le roi était gêné par le cliquetis du moulin. Aussi, il demanda au meunier de s’installer plus loin. Mais ce dernier n’hésita pas à menacer le roi de recourir au tribunal de Berlin. Le meunier pu rester !

Le coin pratique

  • Compter environ 30 minutes en train direct de Berlin Hauptbahnhof à Potsdam Hauptbahnhof : ligne S-Bahn 7 (S7)
  • Nous avons loué des vélos chez Pedales : «Fahrradverleih», le magasin se situe juste à la sortie de la gare
  • Prévoir une journée complète rien que pour le parc si vous souhaitez visiter les différents châteaux
  • une pause gourmande : nous avons dégusté de très bons (et typiques) (et gros) gâteaux au Café am Holländischen Viertel avec en prime un accueil très sympathique

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