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Irlande

Achill Island, ou la fin des terres irlandaises

Nous tournons le dos aux fabuleux paysages du Burren et du Connemara. Cette étape nous mène sur l’île d’Achill, sur la côte ouest de l’Irlande. J’avais dans l’idée d’y faire une étape tranquille, pour lever le pied, ralentir le rythme, intense depuis notre arrivée à Dublin il y a maintenant 10 jours.

Un pont sépare « la grande île » d’Irlande de celle d’Achill, le Michael Davitt Bridge. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre de l’autre côté. Le pont est court, très court. Son architecture métallique me fait penser à l’ossature d’une baleine. L’île est montagneuse, avec de belles falaises. L’océan n’est jamais très loin. Achill est effectivement assez petite : 24 km de long pour 19 de large. Ce que j’ai retenu de mes lectures préparatoires, c’est que tout au bout, il y a une merveilleuse plage aux eaux turquoises. Voilà de quoi titiller ma curiosité.
Mais ce soir, nous traçons la route tout droit jusqu’à Keel, notre point de chute, dans une jolie maison, certes un peu excentrée, mais qui domine la côte. Le temps « irlandais » a repris ses marques. Après plusieurs journées sous un grand soleil, le ciel est gris avec quelques trouées au cours desquelles le soleil fait une brève apparition. C’est l’occasion de faire des photos sous une lumière très particulière.

Achill est située sur la côte ouest de l’Irlande à environ 130 km au nord de Galway et 130 km au sud de Sligo.
L’île est marquée par une longue histoire. Elle est habitée depuis 5000 ans, a été christianisée au 5ème siècle, contrôlée par des clans dont les noms résonnent encore aujourd’hui, les O’Malley, les O’Donnel ou les Galagher. Plus récemment, des familles fuyant l’Ulster y ont trouvé refuge et sont venues s’y installer.
Le nom gaélique d’Achill est « Acaill » qui signifierait aigle ; Achill serait donc l’île de l’aigle.

Keel, notre point de chute

Un peu avant d’arriver à Keel, la route offre un point de vue sur cette petite ville qui s’étire entre océan et collines. D’un côté, une anse abrite une longue plage de sable, de l’autre côté il y a un grand lac d’eau douce, le Keel Lough. C’est un endroit très prisé, spot de surf, de cerf-volants et point de départ de randonnées vers les falaises de Minaun.
Il y a peu de choses à voir à Keel même, par contre la balade sur la plage, de keel Beach à Trawmore Strand, est un incontournable, avec une jolie vue sur quelques ilots rocheux et les falaises de Minaun à l’est qui plongent dans l’océan. C’est une longue plage de sable fin ponctuée de galets colorés.
C’est ici que se concentrent de nombreuses possibilités d’hébergement, hôtels, maisons d’hôtes ou camping. Pour notre part, notre logement était situé à flanc de colline, un peu après Keel, à Creevagh. C’est une belle maison avec vue sur l’océan et sur les fameuses falaises.

Keem Bay, un lieu paradisiaque

Pour commencer notre découverte d’Achill, nous allons tout au bout de l’île, et de la route d’ailleurs, à Keem Bay. La plage est située dans une anse assez étroite, encadrée par des falaises et dominée par le Mont Croaghaun. La route y descend en lacets et est occupée par de nombreux moutons. Nous y sommes restés un bon moment tant le lieu est magnifique. Ce n’est pas le genre de paysages auquel je m’attendais en Irlande : une petite plage de sable blond, une eau turquoise qui invite à la baignade. On raconte que cette baie fut bénie par Saint Patrick ; il aurait déclaré que nul ne se noierait dans ses eaux… mais le temps nous rappelle que nous sommes en Irlande. Le vent souffle assez fort et la température est plutôt fraîche. Mais surtout, nous y faisons une rencontre dont on se serait bien passé, celle des midges. Ils volent en escadrille et s’infiltrent dans les cheveux. C’est particulièrement pénible. Le seul moyen de leur échapper, c’est de courir et de ne surtout pas rester immobile !
Il n’y a aucune maison à Keem Bay, si ce n’est un poste de garde-côte. Le paysage est sauvage ; on a vraiment l’impression d’être au bout du monde. Une belle randonnée part d’ici, paraît-il, que nous n’avons pas eu le courage de faire. Elle permet de rejoindre le sommet du Mont Croaghaun en 6 heures AR.

Le village abandonné de Slievemore

Nous revenons vers Keel puis bifurquons vers l’intérieur des terres pour aller visiter Slievemore, un village abandonné après la grande famine. Il reste de nombreuses maisons en ruines, une centaine environ, des maisons assez simples, toutes en pierres, ne comprenant le plus souvent qu’une seule pièce. Le lieu aurait été habité dès le 12ème siècle. Mais l’occupation était probablement plus ancienne encore : une tombe mégalithique datant de plus de 5000 ans a été retrouvée à proximité du village.
Devenu le royaume des moutons, ils gambadent joyeusement de maison en maison à peine dérangés par les visiteurs. C’est un lieu étrange aujourd’hui, voir toutes ses maisons alignées, vides…

Dugort Beach

Depuis Slievemore, nous regagnons la côte opposée de l’île. La route serpente sur un plateau couvert de landes. Nous croisons quelques maisons dont les portes d’entrée aux couleurs vives tranchent avec le paysage. Puis la route descend doucement, encore un tournant et face à nous se trouve une immense plage battue par le vent. C’est Dugort Beach. Elle fait partie des plus belles plages de l’île, mais à mon avis, loin derrière Keem Beach (peut-être faudrait-il commencer par aller voir celle-ci pour mieux l’apprécier…).
La route longe plus ou moins la côte ensuite. De ce côté-ci, le relief est moins marqué. Nous décidons de couper à travers l’île pour rejoindre Cloghmore Pier, tout au sud .

Grace O’Maley, reine pirate

Environ 200 mètres après le cimetière et l’église de Kildavnet se dresse sur le côté de la route, une petite tour carrée, presque insignifiante. C’est tout ce qu’il reste du château de Kildavnet, construit en 1429 par le clan O’Maley. Elle est située à un endroit stratégique : elle permet de surveiller l’entrée du détroit d’Achill. C’est ici qu’a vécu de 1530 à 1603 une célèbre femme pirate, Grace O’Maley, devenue une figure de légende en raison de sa détermination et de son courage. On peut découvrir son histoire sur des panneaux explicatifs. Elle se rasa les cheveux pour pouvoir embarquer sur un bateau, son père lui ayant interdit en raison de ses longs cheveux qui auraient pu se prendre dans les cordages. C’est d’ailleurs de là que lui vient son surnom de Granuaile qui signifie sans cheveux ou chauve. Redoutable guerrière, elle se chargea de la défense de ses châteaux après la mort de son premier mari. Elle leva des taxes sur les vaisseaux croisant dans les eaux qu’elle contrôlait. Elle n’hésita pas à aller rencontrer la reine Elisabeth à Londres pour plaider la libération de ses fils faits prisonniers par un notable anglais. Sa témérité et son courage ont fait d’elle bien plus qu’une femme pirate, une véritable reine pirate. Elle se considérait d’ailleurs comme l’égale de la reine d’Angleterre…
Attention, il n’est pas possible de s’arrêter à la hauteur de la tour. Il faut avancer un peu pour trouver un recoin pour se garer et revenir à pied.

Coups de vent à Minaun Heights

Nous terminons notre tour de l’île par la Wild Atlantic Way qui longe une côte déchiquetée. Les points de vue sont vraiment magnifiques. Difficile de ne pas s’arrêter tous les mètres !

Avant d’arriver à Keel, nous quittons la côte pour monter à Minaun Heights… mais les nuages ont fait leur apparition et bouchent entièrement la vue. Mais tout à coup, après un sacré coup de vent, les nuages disparaissent et dévoilent le paysage et les falaises de Minaun comme par enchantement. Un autre gros coup de vent et le paysage disparaît à nouveau entièrement derrière les nuages ! Quel spectacle !

Mon avis sur Achill

J’ai beaucoup aimé cette île, un lieu hors du temps ; une île d’une beauté sauvage, aux paysages préservés, avec au choix des côtes déchiquetées, des falaises qui plongent dans l’océan, des landes désertiques vertes ou brunes à perte de vue, des plages paradisiaques. J’ai aimé emprunter les petites routes sans presque jamais croiser personne ; j’ai aimé découvrir des points de vue à couper le souffle aux détours des virages. C’était un bon endroit pour prendre son temps, ralentir le rythme. Alors oui, ça aurait été dommage de filer directement vers le nord sans y faire une halte !

Le coin pratique

  • Pour découvrir ce bout de terre, j’ai prévu un circuit de 96 km passant par des points culminants, des sites historiques, et bien évidemment par la plus belle plage d’Irlande 
  • Manger à Keel :
    • le Beehive Crafts and Gifts : Café boutique très agréable, lumineux et bien achalandé. Pour un petit déjeuner (tardif, ça ouvre à 11h00) ou un déjeuner avec des tables en extérieur également ;
    • The Amethyst Bar, sert des plats de viande et de poisson
  • Se loger à Keel : nous avons trouvé une chambre d’hôte à Creevagh, juste après Keel ; logement très agréable et propriétaires sympathiques et très accueillants. La chambre est joliment meublée ; seul bémol, pas de possibilité de prendre le petit déjeuner sur place.

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