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Pyrénées orientales

Week-end sur la Côte Vermeille

D’Argelès-sur-Mer à Cerbère, le littoral porte le doux nom de Côte Vermeille, en référence notamment aux rochers plus ou moins teintés de rouge selon l’ensoleillement et les heures de la journée. Par ici, les villages ont été construits dans de petites criques bien rondes. Ils apportent une touche colorée au paysage. Sur les hauteurs, les cultures de vignes s’accrochent à des pentes escarpées (c’est ici qu’est produit le vin de Banyuls), tandis que les sommets sont occupés par des forteresses. Si la découverte vous tente, prévoyez un week-end complet pour explorer les différents recoins de ce pays.

Des villages et des criques

Argelès-sur-Mer, la dernière plage de sable

Argelès est bordée par une longue plage de sable blond. Ce sera la dernière jusqu’au bout de notre route. Ensuite, la plage est faite de gravillons et petits cailloux gris. Le front de mer a des airs un peu vieillot avec sa promenade agrémentée de palmiers et ses maisons cossues construites pour la plupart au début du 20ᵉ siècle. De la plage, il y a une jolie vue au sud sur les crêtes du massif des Albères, ce massif qui plonge dans l’océan et constitue la pointe orientale des Pyrénées. Tout de suite, on remarque que presque chaque sommet est occupé par une tour ou par un fort. Leur nombre est assez impressionnant ; ils sont la trace d’une histoire riche, en lien avec le Royaume de Majorque. Argelès-sur-Mer fût l’une des places fortes des rois d’Aragon et de Majorque. Elle possède un cœur de village historique avec des remparts et une vieille église. À l’extrémité sud du front de mer s’est développé un port de plaisance. De l’autre côté de ce port se trouve la plage du Racou, connue pour ses petites maisons « les pieds dans le sable ». Elles sont effectivement construites en bordure de plage et les maisons sont reliées entre elles par d’étroits chemins de sable. Leurs volets colorés et leurs jardinets garnis de mille fleurs donnent un air de vacances. Le Racou est la dernière plage de sable fin de la côte. Ensuite le paysage change d’apparence ; la route prend le nom de « route des corniches » et suit le relief du massif des Albères offrant des points de vue spectaculaires.

Collioure, un village de carte postale

S’il est un village reconnaissable entre tous, c’est bien celui de Collioure, notamment en raison de sa chapelle érigée au bout de la jetée, mais aussi parce que des peintres comme Matisse, Derain ou encore Picasso y ont posé leur chevalet attirés par sa luminosité particulière. Le village de Collioure est construit à flanc de montagne et lové dans une belle crique ronde. Ainsi protégé, la température y est très douce et rien n’est plus agréable que de se poser en bord de mer quelle que soit la saison. À l’arrière, les ruelles sont étroites et pentues, les maisons ont des façades colorées, c’est le quartier du Mouré. Le bord de mer est largement occupé par des édifices historiques, la chapelle Notre-Dame des Anges et le château royal.

Commençons par la chapelle Notre-Dame des Anges, véritable symbole du village. Elle borde la plage du Boramar. Sa tour est même construite les pieds dans l’eau… car au tout début, ce n’était pas une chapelle, mais un phare. Le phare a ensuite été transformé en clocher puis coiffé d’un dôme. À l’intérieur, il paraît qu’il y a un magnifique maître-autel recouvert de feuilles d’or. Mais la chapelle étant en cours de restauration (novembre 2023), je n’ai pas pu y entrer. Dommage, ce n’était pas indiqué sur le site de l’office de tourisme. Il ne faut pas hésiter à contourner la chapelle pour se rendre sur la jetée du phare. Ainsi, on peut découvrir que Collioure est véritablement accroché aux rochers du massif des Albères. Les maisons colorées ont adapté leurs fondations au relief, c’est une vue assez saisissante.

Le château royal est lui aussi implanté au bord de l’eau. Il possède de très hautes murailles, impressionnantes. Il a été construit au 13ᵉ siècle sur l’emplacement d’un castrum romain. Il servait alors de résidence d’été aux rois de Majorque, puis a appartenu ensuite aux rois d’Aragon. Il sera sans cesse modifié pour renforcer son aspect défensif, les derniers travaux ayant été entrepris par Vauban au 17ᵉ siècle. Ainsi, quand on le visite, on peut voir les aménagements des différentes époques, découvrir les différentes salles, emprunter le chemin de ronde. Depuis le donjon, la terrasse ou le chemin de ronde, il y a de très beaux points de vue sur Collioure. Par contre, et c’est bien dommage, il n’y a plus aucun mobilier. Malgré cela, c’est vraiment une visite à ne pas manquer.

À Collioure, il faut savoir aussi s’éloigner de ces lieux emblématiques et prendre de la hauteur en se rendant à la Glorieta et au moulin, au sud du village. Depuis la Glorieta, il y a un magnifique point de vue sur le château et la plage de Port d’Avall. Depuis le moulin, situé juste au-dessus, la vue est moindre, car il est entouré d’oliviers ; mais c’est aussi l’occasion de voir la culture des oliviers en terrasse. De là, on peut ensuite rejoindre à pied en 20 minutes le Fort Saint-Elme (fermé en novembre 2023). Quant au moulin, il a été construit au 14ᵉ siècle. Il a fait l’objet d’une restauration en 2001 et il est à nouveau en capacité de fonctionner pour produire de l’huile d’olive.

Port-Vendres, 1er port bananier français

Port-Vendres offre un tout autre visage. Il n’y a pas de crique ici comme dans les autres villages, mais une anse qui pénètre assez profond à l’intérieur des terres ; une anse qui a permis de faire de ce lieu un port dès le 6ᵉ siècle, connu sous le nom de Port Veneris, soit Port de Vénus, en raison d’un temple dédié à la déesse construit sur la colline. Aujourd’hui, c’est le seul port en eau profonde des Pyrénées Orientales, un port fruitier qui accueille de gros navires de commerce. Et c’est même le 1er port bananier français avec 6000 tonnes de bananes débarquées chaque semaine !
Quand on arrive à Port-Vendres, on ne peut pas manquer l’obélisque ! Érigée à côté de l’église et en bordure du port, elle s’élève à 33 mètres de haut. Elle a été construite en marbre rouge et blanc en provenance de Villefranche de Conflent, pas très loin d’ici. Elle rend hommage à Louis XVI et plus particulièrement à l’indépendance de l’Amérique, ce qu’illustrent ses bas-reliefs représentant «la Marine relevée, la liberté du commerce, la servitude en France abolie et l’Amérique indépendante» (telles sont les inscriptions portées sous chaque bas-relief).
J’ai visité Port-Vendres en fin de journée au coucher du soleil et c’était vraiment très beau.

Banyuls, un air de vacances

Banyuls a été construit dans une crique. Une promenade piétonne borde le front de mer et une large plage qui invite à la baignade (même en novembre, j’ai bien regretté de ne pas avoir pris le maillot). Pas de sable blond ici, mais du gravillon gris, très fin. Sur le côté, il y a un petit port de plaisance et quelques barques catalanes blanches, vertes et bleues.
Banyuls est la patrie de Maillol et la ville lui a rendu hommage en installant des reproductions de ses sculptures sur la promenade du front de mer.

Cerbère, village frontalier

Dernier village avant la frontière avec l’Espagne, Cerbère est, lui aussi, blotti dans une crique. Mais avant de descendre aux pieds de la crique, je vous suggère de vous arrêter en haut du village, tout à côté d’un hôtel un peu spécial. Spécial, car il possède une forme de paquebot. Il me fait penser aux gros bateaux à aube du Mississippi. C’est le Belvédère du Rayon Vert, un bâtiment tout blanc de plusieurs étages construit au ras de la voie ferrée.

De là, vous pourrez rejoindre à pied, après avoir emprunté la passerelle au-dessus des voies ferrées, un tunnel piétonnier « de la gare à la plage ». Il est assez étonnant, entièrement décoré de tags et graffitis. Il plonge fort sous les voies ferrées et débouche directement sur la plage !
Peu de choses à voir à Cerbère, si ce n’est le monument Les Transbordeuses de Cerbère, un ancien wagon qui rend hommage aux femmes qui, à la fin du 19ᵉ siècle et au début du 20ᵉ, transbordaient les oranges et les citrons des wagons espagnols aux wagons français ; un transbordement nécessaire, car l’écartement des voies n’est pas le même dans les deux pays. Ce travail dur et mal payé suscita la révolte de ces femmes qui déclenchèrent le premier mouvement de grève entièrement féminin en 1906 !

La route des corniches

Juste après Argelès-sur-Mer, la route serpente à flanc de montagne offrant de superbes points de vue sur la côte et sur les cultures de vignobles en terrasse. C’est l’occasion de marquer plusieurs arrêts dont voici une petite sélection.

Le Fort Carré et la tour de l’Étoile

Situés à l’entrée de Collioure, ils font tous les deux partis d’un ensemble d’ouvrages défensifs construits au 18ᵉ siècle. Ce sont deux tours assez massives entourées de fossés – et même de douves pour la tour de l’Étoile – et percées de bouches pour les canons. Elles ont été édifiées ici pour protéger le fort Miradou situé non loin. Les deux tours sont reliées par des constructions enterrées dont on voit encore quelques murs. De là-haut, il y a une belle vue sur la baie de Collioure.
À cet endroit, on trouve aussi des vestiges de blockhaus de la 2ᵈᵉ Guerre Mondiale. Comme sur l’Atlantique, il y avait le « Mur de la Méditerranée » qui s’étendait de Cerbère à Menton et qui comptait environ 500 ouvrages.

Cap Rédéris

Depuis le Cap Rédéris, la côte déchiquetée se dévoile dans toute sa splendeur. La vue porte du Cap Béar au nord à Portbou en Espagne au sud. En contrebas, la mer prend des couleurs turquoise. Une table d’orientation est présente sur le site.

Cap Cerbère

D’ici, la vue porte sur la Costa Brava, Portbou et bien au-delà. Il y a aussi un point de vue intéressant sur Cerbère avec la verrière de la gare (qui date de 1880) qui se détache bien dans le paysage. Le phare qui marque le cap est un phare automatisé et solaire alimenté par de petits panneaux photovoltaïques.

Il y a beaucoup d’autres points de vue et sites tout le long de cette route : entre autres le Cap Béar, le Fort de la Mauresque, le site de l’anse à Paulilles…, à choisir selon le temps qu’on y consacre.

La route des crêtes

Il faut maintenant songer au retour. Pour changer, j’ai pris la route des crêtes et ce fut une super idée. Par contre, la route est très étroite ; il n’est pas possible de s’y croiser mais des refuges sont prévus de loin en loin. Et en novembre, je n’ai croisé qu’une seule voiture 🙂 .
La route des crêtes relie Banyuls à Collioure. Elle permet de découvrir de près les cultures de vignes en terrasse. Elles sont tout particulièrement escarpées et étroites.

La Tour Madeloc

C’est depuis cette route que l’on peut accéder à la Tour Madeloc. Attention, il faut la rejoindre à pied, le chemin qui y mène étant interdit aux voitures. Pour se garer, il faut poursuivre la route des crêtes jusqu’à la table d’orientation de Port-Vendres, à côté des ruines de la Caserne du Centre. D’ici, il est possible de rejoindre la tour Madeloc en 50mn environ aller. Personnellement, je ne l’ai pas fait par manque de temps et je le regrette, car de là-haut, la vue porte à 360°. La Tour Madeloc a été construite au 13ᵉ siècle. Elle faisait partie du réseau des tours à signaux édifiées pour surveiller la Méditerranée. Celle-ci a l’air particulièrement bien conservée.

La table d’orientation de Port-Vendres

On a envie de s’arrêter à chaque virage tant la vue est belle. Mais s’il y a un point de vue à ne pas manquer, c’est bien celui de la table d’orientation de Port-Vendres. Il est situé juste au-dessus de Collioure et Port-Vendres. On peut voir la chapelle Notre-Dame des Anges de Collioure, les gros bateaux de commerce à Port-Vendres ainsi que plusieurs forts : le Fort Miradou de Collioure, celui de Saint-Elme, reconnaissable à sa tour et à ses fortifications et celui de Dugommier qui a conservé ses fortifications mais perdu sa tour.
À partir de là, la route redescend sur Banyuls.

Bonus : Elne et sa cathédrale

Ce fut la dernière étape de ce week-end, un dernier arrêt avant de prendre le chemin du retour. Et quelle belle surprise ! Elne est située à 9 km d’Argelès-sur-Mer, à l’intérieur des terres. C’est un village avec une incroyable richesse historique, construit sur un oppidum, un village qui fut même une cité épiscopale du 6ᵉ siècle au 17ᵉ siècle (époque à laquelle elle fut supplantée par Perpignan). Autrefois, Elne s’appelait Illibéris qui signifie « ville nouvelle » (d’ailleurs, les habitants d’Elne s’appellent des Illibériens). De ce passé, il reste une cathédrale et un cloître à visiter absolument. J’ai été impressionnée par la diversité et la finesse des sculptures des piliers qui entourent la cour intérieure : des chapiteaux qui représentent des animaux (lions, griffons, bouquetins, sirènes) et des végétaux (feuilles d’acanthe, palmettes) ainsi que quelques scènes de la Génèse. Parfois, c’est le pilier tout entier qui est sculpté et orné de motifs végétaux.
Depuis le cloître, on peut accéder à une terrasse qui permet d’avoir un point de vue sur Elne et sur le massif des Corbières au loin ainsi que sur la cathédrale. C’est l’occasion de remarquer que les deux clochers n’ont pas été construits à la même époque (même si c’était prévu à l’origine). Le plus récent est celui en brique.
Et pour terminer ce périple, il ne reste plus qu’à flâner au hasard dans les petites ruelles sinueuses du village pour découvrir quelques jolies maisons, les remparts ou encore une fresque représentant Elena, mère de l’empereur romain Constantin qui serait à l’origine du nom de la ville.

Mon avis sur ce parcours :

  • C’est un week-end idéal pour un dépaysement total. La côte peut se parcourir facilement en train… ou à pied par le sentier du littoral (32 km de la plage du Racou jusqu’à Cerbère).
  • C’est un parcours qui regorge de points de vue, de forts à visiter, de petits villages. Impossible de tout voir en un week-end, il faut choisir… ou revenir.
  • Si possible, privilégiez d’y aller hors saison pour éviter de se retrouver dans la foule et les embouteillages : les routes sont étroites dès que l’on s’éloigne de la côte, et les villages sont petits.

Le coin pratique

  • Argelès-sur-Mer : informations sur la ville
  • Collioure :
    • visite du château , visite libre (avec une petite fiche remise à l’accueil) ou guidée du château 7€ adulte, durée : environ 1 heure
    • plusieurs parkings à disposition, payants toute l’année
  • Port-Vendres : informations sur la ville
    • parking autour de l’obélisque (payant toute l’année)
  • Elne : informations sur la ville
    • parking gratuit à l’office du tourisme
  • Où dormir : j’ai choisi de passer la nuit à « mi-chemin » sur Banyuls à l’hôtel Le Catalan, un hôtel qui surplombe la crique, chambre spacieuse et confortable avec vue mer et balcon, spa, piscine et restaurant sur place avec des plats de très bonne qualité.

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