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Les îles d’Aran
Avant d’être des îles, ces terres constituaient le prolongement du plateau du Burren. On y rencontre d’ailleurs les mêmes caractéristiques géologiques, des sols de calcaire et de schiste, de vastes étendues grises façonnées par l’érosion, ponctuées de petits trous et de fissures.
Les habitants sont restés longtemps coupés du monde, repliés sur eux-mêmes, refusant de s’approvisionner en Irlande ; ces habitants étaient essentiellement des pêcheurs, qui vivaient dans une grande précarité.

Bien qu’à 18 km des côtes, les jours de tempêtes, ces îles se retrouvent totalement isolées. Appelées Oileáin Árann en gaélique, elles sont au nombre de trois : il y a tout d’abord Inisheer, ou Inis Oírr (en gaélique),la plus proche des côtes irlandaises ; il y a ensuite Inishmaan, ou Inis Meáin, au relief plus marqué et dont le nom signifie « île du milieu ». Vient en dernier Inishmore, ou Inis Mór, la plus grande et la plus éloignée. Grande, enfin, pas tant que ça : 12 km de long et 3 de large. 800 personnes y vivent aujourd’hui. Elle est assez vallonnée avec de belles falaises sur sa côte sud et d’immenses plages sur la côte nord ; C’est cette dernière que nous sommes allés explorer et c’est à vélo que nous l’avons parcourue.
Premier contact avec Inis Mór
Nous quittons le port de Doolin sous le soleil, mais une fois en mer, nous rencontrons des nuages bien bas… Nous dépassons les deux premières îles. Elles sont enveloppées d’un épais manteau nuageux. Mais la chance est avec nous. À l’approche d’Inis Mór, les nuages disparaissent comme par enchantement ; l’île est là, devant nous, inondée de soleil.
Inis Oírr
Nous débarquons après 40mn de bateau à Kilronan. Direction le loueur de vélo installé à deux pas du port. Nous enfourchons immédiatement nos vélos rouges et partons à la découverte de l’île après un arrêt à la supérette du coin pour y acheter de quoi reprendre des forces un peu plus tard.
Nous choisissons d’emprunter la route principale, un peu à l’intérieur des terres qui a l’avantage de dominer la côte. D’ailleurs, la montée est un peu raide ! Mais dès que nous dépassons les dernières maisons de Kilronan, un beau point de vue sur la côte s’offre à nous. Nous constatons que le bord de mer est assez sauvage avec des prairies bien vertes et de très nombreux murs en pierre. Il y en à perte de vue, qui sinuent, façonnant littéralement le paysage. Construits en pierre sèche et sans mortier, Il paraît qu’il y en a 1 500 km érigés ici. En fait, ces murets forment de nombreux enclos protégés du vent dans lesquels il devient alors possible de cultiver ou de faire paître du bétail.
Nous dépassons une jolie petite église blanche, celle d’Eochail. De là, nous décidons de regagner la route côtière en empruntant un chemin de terre qui dévale la colline puis serpente entre les murets de pierre…
Nous voilà au bord de l’océan. Très vite, nous atteignons Kilmurvey Beach, une jolie crique où le sable est blanc et les eaux turquoise et transparentes. Elle est bien abritée ; c’est d’ailleurs ici qu’on trouve les eaux les plus calmes de l’île… du coup, une crique qui attire beaucoup de monde, un peu trop pour nous.
Eochail church Kilmurvey Beach
Une jolie hutte en pierre
Nous poussons un peu plus loin pour notre pause pique-nique, jusqu’à Clochan na carraige. Il y a là une hutte en pierres séchées, de forme ovale, très bien conservée. Elle me fait penser aux bories que l’on trouve dans le sud de la France. Les plus anciennes datent du 5ᵉ siècle. Elles auraient servi de refuge à des ermites. Puis, au fil du temps, elles auraient été utilisées comme lieu d’habitation ou d’abri pour les animaux. De par leur construction et leur orientation, elles sont totalement étanches à la pluie et elles protègent du vent.
Il n’y a aucun arbre dans le coin, c’est donc à l’ombre des murs de la hutte que nous nous posons, car il fait chaud, exceptionnellement chaud, nous dirons les Irlandais ! Enfin, juste 26°, mais comparé aux 40° que nous avons laissé en France, nous n’en souffrons pas.
Un fort tout noir
Requinqués, nous coupons à travers l’île pour rejoindre la côte opposée, et notamment le fort Dun Aonghasa. Pour y accéder, il faut laisser son vélo au parking à vélo où sont rangés des centaines de vélos… vu que tous les vélos se ressemblent et sont presque tous rouges, il faut penser à laisser quelque chose dessus pour le retrouver ! Il y a ici un visitor centre avec des panneaux explicatifs et quelques boutiques touristiques. L’accès au château se fait par un chemin qui grimpe au sommet de la falaise. Rien de bien difficile.
Dun Aonghasa est un fort en pierres noires. Il est perché en haut d’une falaise, posé au raz du précipice, dominant ainsi toute la côte. Et le point de vue sur la ligne des falaises est vraiment époustouflant. Il n’y a pas de garde-fou au bord du plateau. Le vide est vertigineux, les vagues de l’océan s’écrasent brutalement aux pieds des falaises, les remous sont impressionnants. Le contraste entre le plateau gris, désertique et tellement plat et le bord, qui plonge brutalement dans l’océan est saisissant. D’ici, on peut voir les deux côtés de l’île . À cet endroit, elle est vraiment très étroite !
Le fort tire son nom du dieu solaire Oengus, un dieu de la mythologie celtique irlandaise. Du fort, il ne reste aujourd’hui que des murs circulaires, immenses, dont certains atteignent 4 mètres de haut. Il n’a pas livré tous ses secrets. Pour sûr, il avait une fonction défensive, mais on pense aussi que les druides l’utilisaient comme lieu de cérémonie. Il aurait été construit vers 1100 avant JC. Il se compose de trois rangées de murs en pierre noire ; la quatrième rangée est très particulière. Constituée de pierres pointues et dressées, elle forme ce qu’on appelle un cheval de frise et avait vocation à arrêter les assaillants, notamment les cavaliers. Toutes ces enceintes forment un demi-cercle ; côté océan, il n’y a plus aucun mur (sans que l’on soit vraiment certain si à l’origine il y en avait un ou pas), mais un à-pic de 91 mètres.
Chevaux de frise au tout premier plan
Sur le chemin du retour
Mais l’heure tourne. Il nous faut déjà songer au retour pour ne pas rater le bateau. Nous n’aurons pas le temps de voir beaucoup d’autres choses. L’île a beau être petite, nous nous sommes laissés aller à rêver devant les paysages, à lambiner. Nous laissons tomber notre exploration de la côte sud. Nous marquons tout de même un arrêt au « Seal colony viewpoint »… et effectivement, nous avons la chance d’observer quelques phoques en train de faire la planche ! Un peu loin toutefois.
Juste le temps de déposer les vélos chez les loueurs et nous sautons dans le bateau. Le retour se fera cette fois-ci intégralement sous le soleil, l’occasion d’admirer à l’arrivée les falaises de Moher.
Falaises de Moher
Le coin pratique
- Accès en bateau depuis Doolin, comme nous (de mars à octobre) ou depuis Rossaveel dans le Connemara (toute l’année) et de Galway (d’avril à septembre)
- Il n’est pas possible d’embarquer sa voiture sur l’archipel ; la visite se fait soit à pied, soit à vélo (ou encore en minibus ou carrioles à chevaux, des tours guidés pour le coup).
- Informations sur Inis Mór
- Informations sur le fort Dun Aonghasa
