Loading...
UnJourDesTextes

Au gui l’an neuf

Petite fille, je partais en famille dans les bois à la recherche du plus beau bouquet de gui que nous pouvions trouver. Il fallait qu’il soit bien rond, garni de jolies feuilles vertes et de petites boules blanches presque translucides. Une fois trouvée la perle rare, dans l’attente du premier de l’An, nous l’accrochions à une poutre du plafond à proximité du sapin. Car il est de coutume de s’embrasser juste en dessous au moment où retentissent les douze coups de minuit. Il paraîtrait alors que le premier baisé échangé donnera le ton à l’année nouvelle.

Le blé avant le gui

Plante vénérée par les Druides

Une tradition qui puise ses sources du temps des gaulois. Il était alors question de blé, de serpe d’or et de gui. Car l’expression a évolué au fil des siècles. Jules César nous éclaire dans son récit de « La Guerre des Gaules » : « Le gui est fort difficile à trouver. Quand on l’a découvert, les druides vont le chercher avec respect et toujours le sixième jour de la lune, jour si révéré par eux qu’il est le commencement de leurs mois, de leurs années, de leurs siècles même, qui ne sont que de trente ans. »
Le gui était cueilli par les druides à l’aide d’une serpe d’or lors de cérémonies destinées à invoquer le printemps après le solstice d’hiver. Il s’agissait de célébrer la renaissance de la nature et pour cela le geste était accompagné de la formule «o ghel an heu», ce qui signifie « que le blé germe». Le gui était déposé dans un linge afin qu’il ne touche pas le sol puis les druides allaient l’offrir aux habitants du village en guise porte-bonheur.

Le gui était aussi vénéré par les Grecs et les Romains

Hadès (Pluton pour les Romains), dieu des Enfers, était tombé amoureux de Perséphone (Proserpine). Aussi, il l’enleva et l’entraîna dans le monde souterrain du royaume des morts. La mère de Perséphone, Démeter (Cérès) en fut très affectée et déclencha alors une terrible famine. C’est alors que Zeus (Jupiter), frère de Démeter et de Hadès, intervint et proposa à Perséphone de passer six mois de l’année aux Enfers et six mois sur la Terre reproduisant ainsi le cycle des saisons, été et hiver. Après avoir passé la belle saison sur Terre, Perséphone utilisait une branche de gui pour ouvrir le monde souterrain et rejoindre Hadès. Dès lors, la végétation prenait le deuil et s’endormait jusqu’à son retour.

Une expression qui a traversé les âges

Au Moyen Âge, l’expression s’est transformée en « au gui l’an neuf » : le gui était découpé en petites branches et les enfants allaient de foyer en foyer pour le donner et recevoir en échanges des étrennes. Il était alors accroché dans les maisons et dans les étables pour protéger des sortilèges et des voleurs. Suspendu au-dessus d’un berceau, il empêchait les fées d’enlever le nouveau-né.

Une plante pleine de vertus

Une plante miraculeuse

Pline l’Ancien décrit les mérites du gui dans son Histoire Naturelle : « Certains pensent que le gui est plus efficace cueilli sur le robur (le chêne) au commencement de la lune, sans fer et sans qu’il ait touché la terre ; qu’il guérit de l’épilepsie, fait concevoir les femmes qui en portent sur elles ; que, mâché et appliqué sur les ulcères, il les guérit tout à fait ».
Les druides avaient baptisé le gui de « plante qui guérit tous les maux ». Toujours verte, ils en avaient fait le symbole de l’immortalité.

Une plante qui possède des vertus médicales

Les chercheurs ont découvert que le gui stimulerait le système immunitaire et renfermerait des éléments anti-cancérigènes. Il est utilisé en Suisse et en Allemagne en traitement de soutien de cancers.
Le Viscum Album, nom latin du gui, est aujourd’hui présent dans des préparations homéopathiques.

Une plante entre ciel et terre

Selon une légende scandinave

Le démon Loki tua le dieu du soleil, Balder, à l’aide d’une flèche fabriquée avec une tige de gui. La plante fut alors condamnée à ne plus toucher terre. Depuis, il ne pousse que dans les arbres et ceux qui le cueillent doivent être attentifs à ne pas lui faire toucher le sol.

Une plante qui ne touche jamais terre

Le gui se répand grâce aux petits oiseaux comme la fauvette ou la grive qui absorbent ses graines et les disséminent par leur fiente à condition que ces dernières tombent sur une branche. Car le gui, condamné à ne jamais toucher terre, ne germe pas dans le sol.

C’est une plante qui ne craint pas le froid, qui se fait belle au cœur de l’hiver. D’autant plus belle, qu’accrochée aux arbres dénudés, on ne remarque qu’elle. Elle vient mettre un peu de vie dans la pause hivernale en attendant le retour du printemps. S’embrasser sous le gui est gage de prospérité et de longue vie. Attention toutefois, les boules sont toxiques ! L’absorption de quelques boules peut provoquer une chute de la tension artérielle et des troubles cardiaques.

Belle année 2023 et à très vite pour de nouvelles balades en Occitanie ou ailleurs.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.