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La région de Kyoto recèle de nombreux trésors à découvrir. Je vous en présente quatre ici, du plus proche au plus éloigné, des excursions réalisables sur une journée au départ de Kyoto: Fushini-Inari, Arashiyama, Nara et Himeji. Ce sont probablement les plus connues, il serait dommage de les manquer lors d’un séjour dans cette ville.
Balade sous les torii de Fushimi-Inari Taisha
Fushimi-Inari, c’est un sentier qui serpente sur 5 km jusqu’au Mont Inari (233m), sentier pratiquement entièrement couvert par des torii. Par endroit, ils sont collés les uns aux autres. Il y en a de toutes les tailles, portant au dos les messages de ceux qui les ont financés, que ce soit des particuliers ou des entreprises. Comme son nom l’indique, le site est dédié à Inari, divinité des céréales, du riz, des fonderies et du commerce. C’est aussi la gardienne des maisons. Son messager traditionnel est le renard, « kitsune », protecteur des récoltes. Et l’entrée du site est bien gardée par de nombreuses statues de renards plus ou moins imposantes. Certaines tiennent une clé dans leur gueule, la clé du grenier à céréales. Beaucoup sont ornées d’un bavoir rouge calligraphié accroché par les visiteurs pour s’assurer de la protection de leurs enfants.
Une fois passé les bâtiments à l’entrée, on peut monter à l’assaut de la montagne et se faufiler sous les torii vermillons «chaussés» de noir. De temps en temps sur le côté, de petits sanctuaires dédiés à Inari sont aménagés au milieu des rochers et des arbres. Ils regorgent de statues de renards, de chevaux… Plus on avance sur le chemin et plus on s’éloigne de la foule. Il y a environ 10 000 torri jusqu’au sommet. Juste avant de parvenir au point culminant, à ichi-no-mine il y a un sanctuaire, le Kami no Yashiro, où les gens s’arrêtent pour faire une prière. J’avoue que prise par l’ambiance, j’ai moi aussi fait la queue pour me recueillir. Encore quelques mètres et nous voilà au plus haut point avec une vue magnifique sur Kyoto. Le lieu est plus sauvage. Le chemin se transforme en sentier en terre. Il ne reste plus qu’à prendre le chemin du retour, par un sentier différent de celui de l’aller, lui aussi couvert de torii. En bas s’alignent quelques boutiques. Tous ces sanctuaires installés à flanc de montagne, noyés au milieu des arbres, offrent une ambiance très particulière, un lieu à explorer en prenant son temps.
Le coin pratique :
- 5 mn en train depuis la gare de Kyoto ; le site est juste en face de la station.
- Fushimi-Inari est en fait un quartier de Kyoto, situé au sud sur la route de Nara.
- En plein été, difficile d’éviter la foule sinon à se lever tôt
- Ne pas hésiter à grimper tout en haut du site. Plus on monte, moins il y a de gens et l’effort en vaut vraiment la peine.
- Il y a deux « couloirs » de torii ; ainsi, il est possible de faire un chemin différent à l’aller et au retour.
- Compter deux bonnes heures pour faire l’aller-retour ;
Les singes facétieux d’Arashiyama
Arashiyama est surtout connu pour sa forêt de bambous. Mais j’avoue avoir été déçue par cet endroit qui se résume finalement en une route étroite qui serpente entre les bambous, certes très nombreux, immenses et serrés. Il y avait énormément de monde ; il faut dire que c’est la promenade favorite des habitants de Kyoto.
J’ai de loin préféré la route qui mène au bord de la rivière puis la promenade piétonne qui la longe. Les arbres descendent jusque dans la rivière. Le pont Togetsukyo offre un joli point de vue qui n’est pas sans rappeler les estampes japonaises. Nous avons traversé ce pont en fin de journée, juste après un orage, la lumière était alors très belle.
De l’autre côté de la rivière se trouve le parc Kamuyama-koen. Il abrite une colonie de singes, plutôt facétieux. Il vaut mieux garder ses distances. Ils sont régulièrement en train de se pourchasser. Mais ce qui est encore plus intéressant dans ce parc à mes yeux, c’est le point de vue sur Kyoto. Étant en hauteur, on domine toute la ville jusqu’à Osaka.
Le coin pratique :
- 15 mn en train depuis la gare de Kyoto avec la ligne San-in-Sagano
- Il y a une excursion avec le train Torokko qui part d’Arashiyama, qui passe dans des gorges et longe en partie la rivière, que je n’ai pas pu effectuer mais qui semble intéressante.
A Nara, les cerfs vous saluent bien bas
Nara est un lieu chargé d’histoire ; ce fut notamment la première capitale du Japon. La ville s’appelait alors Heijo-Kyo qui signifie « capitale de la paix ». Elle fut fondée en 710 et restera capitale pendant 74 ans. Au fil des ans, elle est devenue le grand centre du bouddhisme, devenu religion d’État.
Nara aujourd’hui, c’est l’occasion d’une belle balade à l’ombre des arbres dans un parc immense, au point de faire oublier qu’il se situe en milieu urbain. C’est très agréable. Il y a le Todai-ji, le temple le plus connu, mais aussi plusieurs autres, plus petits et plus discrets qui méritent le détour. Il y a aussi plus de 10 000 cerfs, au point qu’on a l’impression d’être chez eux. Dès l’entrée, on croise des troupeaux entiers nonchalamment assis dans l’herbe à l’ombre des arbres. Des vendeurs proposent des biscuits spéciaux, des shika-sembei. Forcément, nous n’avons pas résisté à en acheter. Le plus dur a été de cacher le paquet et de le faire durer. C’est qu’ils sont sacrément gourmands et sacrément insistants ! Ils connaissent bien l’emballage et ils vous suivent jusqu’à ce que vous cédiez. Ils sont vraiment trop mignons, inclinant la tête pour remercier une fois le gâteau obtenu. Toutefois, des panneaux mettent en garde sur le fait, que parfois aussi, ils peuvent s’énerver… Si les cerfs sont nombreux ici, ils le doivent à une légende : celle-ci raconte qu’un dieu provenant du sanctuaire de Kashima à Chiba arriva à Nara sur un cerf. Depuis, les gens considèrent ces animaux comme des messagers divins et prennent soin d’eux.
Le Todaï-ji est le nom d’un lieu rassemblant plusieurs temples, dont le plus célèbre et aussi le plus imposant est le Daibutsu-den. Le bâtiment, tout en bois, est surmonté d’une toiture à deux niveaux, ornée à son sommet de deux cornes d’or. C’est apparemment le plus grand bâtiment en bois du monde ! Il abrite un immense bouddha assis sur une fleur de lotus, construit en 752. Avec ses 15 mètres de haut, on se sent vraiment tout petit à côté. Le temple abrite d’autres très belles statues, dorées, très travaillées, représentant des bodhisattvas. À l’arrière se tiennent deux gardiens célestes dont les expressions féroces sont très dissuasives. Et puis, il y a un pilier en bois qui comporte un trou à sa base. Il est dit que celui qui arrive à se faufiler à travers est assuré d’atteindre le nirvana… sauf que le trou est vraiment très petit et il n’y a guère que les enfants qui parviennent à se faufiler. Avant de quitter le temple, je n’ai pas manqué de tamponner mon cahier nomade ; mais cette fois-ci, j’ai aussi fait la queue pour obtenir un goshuin, un sceau propre au Todaï-ji. Le goshuin est réalisé par un moine ou par un employé : il commence par apposer le sceau du temple, préalablement trempé dans l’encre rouge ; il le complète ensuite d’une calligraphie à l’encre noire, qui comporte le nom du lieu, la date de la visite et une bénédiction censée porter bonheur.
Le parc de Nara comprend d’autres temples, certes nettement moins imposants que le Todaï-ji, mais très jolis : ainsi, le Nigatsu-do (qui fait partie de l’ensemble de bâtiments du Todai-ji) construit sur les pentes du Mont Wakakusa. On y accède par un escalier jalonné de lanternes. Des lanternes, il y en a aussi à l’étage, suspendues au plafond. La terrasse offre un beau point de vue sur le parc et sur la ville. Les murs sont décorés de peintures étonnantes, comme celle représentant une scène de pillage.
Un peu plus loin se trouve le Kasuga-Taisha : un temple qui comporte lui aussi de nombreuses lanternes en bronze suspendues : il y en a environ 3 000, données par des visiteurs. J’ai beaucoup aimé ce dernier temple.
Le coin pratique :
- en train depuis Kyoto : compter 45 minutes avec le JR Nara Line Rapid Service pour 65 minutes avec le JR Nara Line Local
- Le parc se situe à 2,7 km de la gare. Un bus y mène directement en moins de 10 minutes.
- Compter une bonne demi-journée rien que pour le parc ; ne pas hésiter à s’enfoncer dans le parc pour découvrir des temples intéressants et beaucoup moins courus.
- Cerfs ou daims ? Ce sont bien des cerfs qui vivent à Nara, de la race «Sika» («shika» en japonais). Quand ils sont jeunes, ils ont une robe tachetée comme celles des daims, d’où la confusion.
Himeji, le château du Héron Blanc et le jardin Koko-en
Quand on sort de la gare à Himeji, on se retrouve sur une longue et large avenue au bout de laquelle se dresse le château du Héron Blanc. Il est en effet construit sur un promontoire qui lui permet de dominer la ville. C’est actuellement le plus grand des châteaux féodaux du Japon ayant survécu. Sa blancheur est fascinante, plus encore lorsque le ciel est bien bleu, comme le jour où nous l’avons visité. Il se détache magnifiquement bien sur le ciel et on comprend alors le surnom qui lui a été donné, le «Shirasagi-jo», château du Héron Blanc. La forme y est aussi pour quelque chose, notamment les murs en plâtre blanc qui s’étirent de chaque côté du donjon principal.
Ce qui frappe ensuite lorsqu’on s’approche du château, c’est sa toiture. Elle est composée de belles tuiles rondes. En observant bien, on peut voir que certaines comportent des motifs représentants le blason des seigneurs qui ont vécu ici. Les extrémités les plus élevées sont décorées d’imposants poissons recourbés. Appelés «shachi-gawara», ils protégeaient le donjon du feu. Quelques-uns sont exposés dans une cour.
Le donjon principal se visite… en chaussettes ou chaussons gracieusement mis à disposition. Mais c’est une visite qui m’a un peu déconcertée. En plein été, il n’y a pas d’autre choix que de faire la queue, puis de grimper en file indienne les différents étages. S’ensuivent alors une volée d’escaliers en bois qui mènent à des pièces vides, de plus en plus petites au fur et à mesure où l’on monte. L’intérieur n’est pratiquement pas décoré ; il n’y a aucun mobilier. Finalement, la visite permet de prendre la mesure de la construction en bois : on peut voir un immense pilier servant à supporter le donjon : haut de 25 mètres, il est composé de deux arbres reliés entre eux ; il y a également de très beaux cache-clous ouvragés. Au dernier étage se trouve un sanctuaire : Osakabe-jinja. Situé à l’origine au sommet d’une colline à l’est, il a été déplacé à l’intérieur du donjon comme sanctuaire protecteur du château.
A Himeji, il y a aussi un très beau jardin, situé tout à côté du château : le Koko-en. Très récent, puisque créé en 1992, il se compose de neuf jardins différents aménagés selon les techniques de jardinage de la période Edo (1600 – 1860). Et c’est vraiment bluffant, on se croirait dans un jardin très ancien. On y retrouve la traditionnelle maison de thé, un jardin des bambous, un jardin des ruisseaux avec de belles carpes Koï… un corridor en bois où il est conseillé d’écouter le bruit de ses pas sensés rappelés le son d’un tambour japonais.
À moins d’une heure de Kyoto, Himeji est l’occasion d’une belle échappée à ne pas manquer
Le coin pratique :
- en train depuis Kyoto : 52 minutes avec le shinkansen Hikari
- Le château se situe à 15 minutes à pied de la gare
- Le château en chiffres : 3 enceintes, 21 portes, 997 meurtrières !
- compter une journée pour visiter le château et le jardin
- Une adresse pour déjeuner : Menme, 68 Honmachi : un petit restaurant pour déguster des udons vraiment trop bons
LaptitefamilleBaroudeuse
Bravo pour cet article très complet et qui sort des sentiers battus. Le Japon est vraiment un pays spécial et passionnant !