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Lauragais, pays des clochers-murs

Dans cet article, je vous invite pour une balade dans le Lauragais. C’est un « pays » pour lequel j’ai eu un véritable coup de cœur, situé à l’est de Toulouse à cheval sur les départements de la Haute-Garonne, de l’Aude, de l’Ariège et du Tarn. Ce que j’aime ici, ce sont ses courbes vallonnées, ses terres  brunes fumantes de  brouillard l’hiver,  ses ondulations blondes de blé ou couleur soleil des tournesols  au début de l’été.  Il faut ressentir le vent d’Autan qui donne l’impression de ne jamais vouloir s’arrêter.  L’hiver, souvent, la vue porte sur les sommets enneigés et pointus des Pyrénées au sud, et sur les sommets sombres et arrondis de la Montagne Noire à l’est. Mais ce que j’aime par dessus tout ici, ce sont les hauteurs ponctuées d’églises en pierre ou en brique avec des clochers bien particuliers.

Cet article participe au rendez-vous #EnFranceAussi, créé il y a huit ans par Sylvie, auteure du blog Le Coin des Voyageurs. Et pour ce mois d’octobre, c’est le thème que j’ai proposé qui a été retenu : « clochers de villages ».

Savez-vous que le Lauragais regorge de clochers à l’architecture atypique que l’on appelle les clochers-murs ? « Murs » car il y a un véritable mur qui s’élève au dessus de l’église, un mur troué, ajouré, dans lequel les cloches sont accrochées à des jougs. Elles sont donc totalement à l’air libre ; car ici, on les sonne « à la volée ». La cloche peut faire un tour complet autour du joug, répandant ainsi d’autant mieux son tintement loin dans la campagne alentour. Ce sont des clochers à l’architecture assez simple, qui ne requerraient pas l’intervention d’un architecte. Pour autant, tous les clochers ne se ressemblent pas et ont évolué au fil des siècles. Ainsi, on en distingue 3 types : celui en forme de pignon triangulaire, celui à arcades encore appelé clocher-peigne, et enfin, celui dont le mur est encadré de deux tourelles. Suivez-moi, je vais vous en faire découvrir une petite sélection.

Clocher-mur pignon

Le plus simple est le clocher-mur pignon : c’est en fait un triangle qui s’élève au-dessus de la bâtisse de l’église. Ces clochers sont les plus anciens, construits au 10ème ou au 11ème siècle. Ils ne sont alors pas très hauts, et comptent de une à 5 cloches (toujours en nombre impair) disposées en une ou plusieurs rangées selon leur nombre. On les retrouve vraiment partout dans le Lauragais dans une grande majorité de villages.

Les clochers-murs romans, sont construits en pierre dans la partie est du Lauragais, comme celui de Notre-Dame à Montferrand dans l’Aude (construit vers 1300), ou en briques côté toulousain, comme celui de l’église Saint Antoine à Saint Orens de Gameville en Haute-Garonne (12ème siècle). Toutefois, cette dernière église a fait l’objet d’une reconstruction au 15ème siècle.

Ce type de clocher a traversé les époques . Ainsi, il se retrouve également dans des églises de style gothique construites au 16ème siècle. Des églises que l’on baptise « église du pastel » car édifiées à l’âge d’or du pastel. Pendant un siècle, du milieu du 15ème au milieu du 16ème siècle, le Lauragais a constitué un haut lieu de la culture du pastel, cette plante aux fleurs jaunes qui produit une teinture bleue pâle très particulière à partir de ses feuilles. Un commerce très florissant s’est alors développé et de nombreux marchands se sont enrichis, laissant à Toulouse derrière eux de magnifiques hôtels particuliers, mais aussi des églises richement décorées, financées par leurs dons.

C’est le cas de l’église Saint Saturnin à Ayguevives, construite à deux pas du canal du midi. Une très jolie petite église en briques surmontée d’un clocher-mur pignon, percé de 5 baies campanaires.

Plus imposante, l’église Notre-Dame de l’Assomption à Montgeard, dont le clocher se voit de très loin, date aussi de cette époque. Il a été construit en deux temps. Au départ, il s’agissait de réaliser une tour d’observation. Mais le projet fut abandonné en cours de route par manque d’argent. C’est ainsi, que dans un deuxième temps, un clocher-mur fut posé au sommet de la tour crénelée.

Clocher-mur peigne

Encore appelé clocher-mur à arcades, il s’agit d’une déclinaison du clocher-mur, en plus imposant et plus haut. S’il conserve les baies campanaires qui permettent de sonner les cloches à la volée, le pignon triangulaire, quant à lui, disparaît au profit d’un ligne horizontale surmontée de créneaux. Il en reste peu.

Parmi toutes ces églises, la chapelle des Cazazils à Lafage dans l’Aude fait partie de mes coups de cœur. Pour la trouver, il faut suivre une route étroite et peu fréquentée. Au détour d’un virage, elle apparaît soudain, émergeant des arbres. Il s’agit d’un très ancien édifice roman, reliquat d’un village ecclésial postérieur à l’an mil. Elle aurait été construite au 11ème ou au 12ème siècle et son clocher daterait de 1270.

Dans le même style, mais en plus imposant, il y a le clocher de Plaigne à quelques kilomètres. D’origine romane, l’église Saint Pierre et Saint Paul a été fortifiée au 16ème siècle.

Clocher-mur à tourelles

Au 13ème siècle, deux tourelles sont venues s’ajouter de chaque côté des clochers-murs ; l’arc, alors en plein cintre, prend la forme d’un arc en mitre. Nombre de ces églises ont été construites dans des bastides royales. Elle présentent des façades assez différentes.

Ce qu’on appelle une bastide ici, c’est un village construit au 13ème siècle sur un espace totalement vierge et dont l’objectif était de redynamiser la région alors très marquée par les croisades contre les cathares. Les bastides ont pour particularité d’avoir un plan en damier et une place centrale où se tenait le marché. Les habitants devaient respecter des mesures de fonctionnement assez strictes, mais ils avaient accès à des avantages économiques, comme par exemple la possibilité d’acquérir des terres à bas coût voire gratuitement.

C’est le cas de l’église Saint-André à Montgiscard qui possède une église du 15ème siècle dont le clocher se détache du sommet des collines et domine le canal du Midi. Un clocher-mur qui comprend deux étages de trois baies campanaires chacun (… donc six cloches) et encadré par deux tourelles.

Autre bastide royale, Villefranche de Lauragais fut fondée au 13ème siècle au milieu d’une forêt. L’église, Notre-Dame-de-l’Assomption, a été construite en 1262 après la croisade contre les albigeois. Si elle possède elle aussi 6 cloches, ses tourelles sont différentes de celles de Montgiscard.

Suggestion de circuit

Cet article vous a donné l’envie d’aller les voir en vrai ? Pas de souci, voici le circuit à suivre pour ne rien rater, à faire dans le sens que vous souhaitez : 146 km, 2h46 (sans les arrêts 🙂 ).

D’autres clochers #enfranceaussi

Et pour découvrir encore plein d’autres histoires de clochers partout en France, voici les liens vers les autres articles des blogeurs #enfranceaussi qui ont accepté de participer à ce thème (j’ajouterai leurs articles au fur et à mesure de leur publication).

7 comments
  1. Martine Barbier

    Les clochers-murs sont un patrimoine emblématique du Lauragais. Une architecture qui donne du charme à ces petits villages. ils restent l’emblème de la région. Merci pour cette jolie balade.

  2. Solange

    Avec tout ce que je découvre sur le sujet des clochers, je pense qu’il me suffira de me pencher sur les articles écrits ce mois et d’en faire un recueil.
    Merci pour toutes ces informations.

  3. Delphine

    C’est dingue de voir une telle diversité d’architecture pour les clochers ! Je connaissais assez mal ces clochers du Lauragais, c’est une belle découverte.

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