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AudeOccitanie

Sous le soleil des Corbières

Visiter Narbonne par une belle journée ensoleillée, commencer par flâner le long de la Robine avant de se laisser happer par le centre ancien. Terminer la balade dans la fraîcheur des jardins et des bâtiments de l’abbaye de Fontfroide.

Narbonne

Flâner le long du canal de la Robine, voilà comment débute ma rencontre avec Narbonne. Une large esplanade entoure ce canal, dégageant la vue sur les bords pigmentés par les jardinières joliment fleuries. Au bout, les premières maisons du cœur de ville, dont certaines sont construites sur le pont qui enjambe le canal. Sous mes yeux, la cité dévoile une image familière. Les bateaux de plaisance amarrés à quai, les maisons qui se reflètent dans le canal et la tour du palais des archevêques dessinent une belle carte postale.

Pont des Marchands

Le canal de la Robine et le Pont des Marchands

Le canal de la Robine fait le lien entre la rivière Aude et la mer Méditerranée. C’est une branche du canal du Midi, et comme lui, il est classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Son nom vient de l’occitan « roubine » qui signifie… « canal ». Il est bordé de chaque côté par de larges berges : d’un côté, la promenade des Barques est un bel endroit pour photographier le pont des Marchands ; de l’autre côté, sur le cours Mirabeau, se trouvent les Halles, un grand marché couvert de style Baltard. Dedans sont installés de nombreux étals colorés proposant des produits régionaux. C’est un endroit sympathique pour la pause déjeuner.

La promenade des Barques permet de se rendre dans le cœur de ville en passant à proximité du Pont des Marchands, une vraie curiosité ! Datant de l’époque romaine, il enjambe le canal. Mais ce qui le rend si particulier, ce sont les habitations qui ont été construites dessus, des maisons de trois ou quatre étages. C’est l’un des seuls ponts habités en France. Aujourd’hui, on ne voit plus qu’une partie du pont. Il possède plusieurs arches qui sont devenues les caves des maisons, n’en laissant plus qu’une seule apparente. Quand on est sur le pont, on ne voit pas le canal, car la rue piétonne qui passe dessus est bordée de maisons des deux côtés. J’ai finalement pu l’apercevoir en me faufilant dans un magasin, mais je trouve vraiment dommage qu’un point de vue n’ait pas été aménagé. Édifié à l’époque romaine, ce pont reliait le bourg à la cité par la via Domitia.

Le cœur de ville

A deux pas du pont, un tout petit bout de la via Domitia a été retrouvé et mis en valeur. Cette voie romaine, qui date de 118 avant J.-C., permettait de relier l’Italie à la péninsule ibérique en traversant la Gaule Narbonnaise. Découverte en 1997, elle a été restaurée et protégée. Elle marque désormais le centre de la place de l’Hôtel de ville. On peut y accéder par un petit escalier et marcher sur ses gros pavés.

Via Domitia

Dominant la place de l’Hôtel de Ville, le Palais des Archevêques se dresse majestueux avec ses trois tours carrées : la tour de la Madeleine, la plus ancienne, la tour Saint-Martial, et le donjon Gilles-Aycelin, du nom de l’évêque qui le fit construire. Le palais a été édifié entre le 13ème et le 14ème siècle. Entre les tours de la Madeleine et Saint-Martial se trouve une rue fortifiée baptisée « Passage de l’Ancre » qui sépare le « Palais Vieux » du « Palais Neuf ». Le nom de cette rue évoque les droits perçus par les archevêques sur le littoral. Et en regardant bien, on peut découvrir une véritable ancre accrochée au mur…

Palais des archevêques

J’ai beaucoup aimé la façade du palais située entre les deux tours, très ouvragée, avec de nombreux arc-boutants au-dessus des fenêtres ; et surtout le tympan au-dessus de la porte orné dans sa partie haute d’oiseaux et de fleurs, et dans sa partie basse de bateaux portant des tonneaux, rappelant ainsi l’importance du commerce du vin ici.

Palais des archevêques

De l’autre côté de la place, il y a un bâtiment beaucoup plus récent, certes, mais qui m’a fait comme un « air de déjà vu ». C’est un ancien grand magasin, on y voit encore l’enseigne « Dames de France ». Mais surtout, il comporte deux coupoles à ses extrémités… qui ont été inspirées par le magasin du Printemps à Paris !

Après avoir traversé le Palais, on débouche aux pieds de la cathédrale Saint Just, construite elle-aussi au 13ème siècle (mais jamais achevée). C’est la troisième plus haute cathédrale de France après Beauvais et Amiens, avec des voûtes s’élevant à 41 mètres de hauteur. De style gothique, le bâtiment comporte de nombreux détails : colonnes, flèches, dentelles de pierre, gargouilles, personnages sculptés… Pour avoir un joli point de vue, il faut se rendre dans le jardin de l’archevêché, à côté du cadran solaire. À l’intérieur, les cinq chapelles abritent de magnifiques œuvres d’art. Il y a aussi le tombeau du cardinal Brignonnet décoré (entre autres) de huit têtes de morts qui alternent avec huit têtes d’anges.

Au cœur de Narbonne, il y a aussi un musée original à découvrir, l’Horreum romain (terme latin qui évoque un grenier). Il expose de belles pièces recueillies sur les chantiers de fouille. Mais la surprise vient surtout des galeries souterraines qu’il permet de visiter. Construites au 1er siècle avant notre ère, elles servaient de stockage pour le grain, l’huile, le vin… Situées près du forum, elles étaient reliées au marché par des montes-charges. De nombreux objets sont exposés dans ces galeries, comme des amphores, des moulages de bas-reliefs, des tuiles…

Horreum

Profiter de la ville et se promener tout simplement

Se promener tout simplement le long du canal de la Robine et découvrir l’écluse de Narbonne, ombragée par quelques arbres. Juste à côté se trouve un ancien moulin. Les immeubles qui bordent le canal, sur la rue Jean-Jaurès ou le cours Dillon, offrent de belles façades.

Se promener tout simplement entre les halles et l’église Saint Paul pour découvrir de beaux immeubles à l’architecture variée. Il y a notamment la maison des Trois Nourrices. Elle date de 1558 et doit son nom aux cariatides qui l’ornent et qui présentent des formes plutôt généreuses. L’église Saint Paul mérite d’aller y jeter un œil. C’est l’une des plus anciennes églises gothiques du midi, édifiée au 12ème siècle. Elle mèle art roman et art gothique. C’est l’un de mes coups de coeur !

L’Abbaye de Fontfroide

À 15 km de Narbonne, blottie dans le massif des Corbières, se tient l’abbaye de Fontfroide. Fondée en 1093, elle a été rattachée à l’ordre de Citeaux en 1145, puis finalement désertée en 1791.
Ce que l’on remarque au premier abord, c’est le silence qui règne à cet endroit, à peine entrecoupé par le chant des cigales ; le lieu est encore aujourd’hui isolé. Le nom de l’abbaye provient de la source située à proximité, une source d’eau très froide, la « Fons Frigidus ».

L’abbaye a fait l’objet de transformation au fil du temps, avec l’apparition de nouveaux bâtiments au 15ème siècle ; des bâtiments qui, par leur architecture, s’éloignent de la rigueur des cisterciens. L’abbaye était occupée d’une part par les moines cisterciens qui vivaient en autarcie totalement coupés du monde comme l’imposent leurs règles religieuses ; elle était également occupée par les « frères converts », qui, à la différence des moines n’ont pas fait vœu de silence. Ces derniers étaient chargés des liens avec l’extérieur et des travaux manuels.

Dès l’entrée, la beauté du site opère : les bâtiments en pierre qui resplendissent au soleil, les sculptures, les grilles en fer forgées… La visite débute par le réfectoire, une vaste pièce voutée réservée aux converts et décoré de magnifiques portes en fer forgé. Elle donne sur la cour Louis XIV au milieu de laquelle trône un joli puits qui marque l’emplacement de la Fons Frigidus. Ici, on est loin de l’austérité des cisterciens. Les bâtiments affichent des frontons et des fenêtres à meneaux.

Mais la suite est pour moi encore plus belle : on entre alors dans la partie occupée par les moines cisterciens. L’architecture y est beaucoup plus sobre. Il y a tout d’abord le cloître, entouré d’arcades qui reposent sur de fines colonnes de marbre. Donnant sur le cloître se trouve la salle capitulaire. C’est ici qui les moines se réunissaient et se confessaient. Ce qui fait sa beauté, ce sont les voûtes romaines et leur croisée d’ogives, la finesse des colonnes.

Cloître

Il y a ensuite l’église abbatiale, imposante par ses proportions. Construite dans le style roman au 12ème siècle, elle a été agrandie au 14ème par l’ajout de chapelles de style roman. Elle est éclairée par des vitraux très colorés et modernes, réalisés au 20ème siècle.

Il ne faut pas hésiter à continuer la visite dans les jardins. Il y a une magnifique roseraie avec plus de 2500 rosiers (c’est la plus grande roseraie de France). Puis un chemin serpente à flanc de montagne avec de très beaux points de vue sur l’abbaye. Tout autour de l’abbaye, enfin, se trouvent des vignobles. La vigne a été implantée ici il y a 900 ans par les moines cisterciens.

J’ai aimé :

  • l’Horreum et ses galeries souterraines
  • flâner le long de la Robine
  • la sérénité et le cadre de l’abbaye de Fontfroide
  • prendre mon temps dans les jardins de l’abbaye

Les bons liens :

  • https://www.narbonne-tourisme.com/
  • https://www.fontfroide.com/

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