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Et si on allait à Dunkerque

Il y a des villes que jamais tu n’imaginerais aller visiter jusqu’au jour, où, dans le cadre du travail, un séminaire est organisé dans l’une d’elles et te voilà partie en te disant « j’aurais bien aimé aller ailleurs ». C’est ainsi que je me suis retrouvée propulsée à Dunkerque un beau matin de janvier… enfin, beau, pas vraiment : il neigeait sur une bonne partie de la France. La route de Paris à Dunkerque en bus sous la neige fût pour le moins épique. Nous arrivâmes en fin d’après-midi au palais des congrès et là je découvris une immense plage entièrement enneigée. J’avoue que le sourire commençait déjà à pointer au coin de mes lèvres. Je découvrais Dunkerque, ville balnéaire, une vraie surprise. La plage est celle de Malo-les Bains, ville avec laquelle Dunkerque a fusionné il y a plusieurs années de cela. L’été, des cabines rayées s’alignent sur le sable. Après ce premier contact, et pendant trois jours, je décidais de me lever tôt pour rejoindre à pied  le Kursaal (Palais des Congrès) par une ligne qui était loin d’être droite.

Malo-les-Bains

Cet article participe au rendez-vous mensuel #EnFranceAussi organisé par Sylvie du blog « Le coin des voyageurs » et Alexis Poraszka du blog « Le petit explorateur«  : le thème de ce mois-ci est « Villes malaimées ».

L’eau, partout présente au cœur de la ville

Ma première sortie se fait au petit matin. Le jour se lève, toutes les lumières ne sont pas encore éteintes. La ville est recouverte d’un fin manteau blanc, ce qui donne une ambiance très particulière. Je savoure ce moment, il n’y a que peu de monde dehors ! La première chose que je découvre en sortant de mon hôtel est une tour octogonale, la tour du Leughenair. C’est un phare au cœur de la ville. C’est le plus ancien monument de la ville ; Dunkerque fût, comme beaucoup d’endroits dans le nord de la France, particulièrement touchée par la deuxième guerre mondiale. Cette tour date de 1450 ; elle a été rehaussée en 1815 et mesure trente mètres de haut.

J’avance en longeant le bassin du commerce, laissant derrière moi le port des bateaux de plaisance. Un espace réservé aux piétons et aux vélos permet de longer ce bassin entouré de bâtiments pour la plupart en briques. Il y a notamment le musée portuaire qui s’expose jusque dans le bassin où sont amarrés deux bateaux : le trois mâts Duchesse Anne, un immense voilier blanc qui date de 1901. Bateau chargé d’histoire, qui servit tout d’abord comme navire-école pour la marine marchande allemande, puis qui fût remis à la marine nationale française comme dédommagement de guerre. A ses côtés, un bateau étonnant, le bateau-feu Sandettié : bateau-feu car sa vocation n’était pas de naviguer mais de signaler les dangereux bancs de sable au large de Dunkerque aux autres bateaux grâce à sa puissante lanterne et à sa corne de brume.

Le Duchesse Anne et le Sandettié

Au bout du bassin s’élève le bâtiment de la communauté urbaine, alliance de verre et de briques, et derrière lui s’ouvre un autre bassin, celui de la Marine. Ici se trouve un autre bateau chargé d’histoire, le Princess Elisabeth, un « paddle steamer ». C’est un bateau à vapeur qui joua un grand rôle en juin 1940 en effectuant quatre traversées de la mer du Nord afin d’évacuer 1673 soldats vers le Royaume-Uni lors de la bataille de Dunkerque dans le cadre de l’opération Dynamo. Aujourd’hui, ce bateau est transformé en restaurant ; j’ai eu la chance d’y manger un soir. J’ai beaucoup aimé cet endroit de Dunkerque, ces bassins qui font partie intégrante de la ville.

Un aperçu du centre ville, entre patrimoine et reconstruction de l’après-guerre

Je n’ai découvert qu’un petit « morceau » du centre-ville. Au début, c’est un sentiment de tristesse qui domine : il n’y a que peu d’animations dans les rues ; les bâtiments s’enchaînent, presque tous identiques sans véritable charme. Il faut dire qu’on est en hiver, qu’il a neigé les jours précédents et que la ville a été pour l’essentiel reconstruite après la deuxième guerre mondiale. Ainsi, les rues sont bordées d’immeubles de trois ou quatre étages, recouverts assez souvent de briques, agrémentées de nombreux espaces verts, à l’image des options choisies par les architectes. C’est un sacré challenge qui a été relevé à l’époque : il fallait construire vite, innover, expérimenter, amener un confort jusque là inconnu, changer les habitudes en introduisant l’habitat collectif. L’ilot Carnot en est un bel exemple et au final, j’ai trouvé intéressant d’aller y faire un tour.

Mais, quelques bâtiments historiques ont quand même subsisté. Ainsi, l’hôtel de ville : c’est un bâtiment de style flamand, tout en brique, avec un magnifique beffroi et une façade ornée de plusieurs statues, dont celle de Louis XIV à cheval. C’est des balcons de ce bâtiment que sont jetés des centaines de kilos de harengs fumés au moment du carnaval !

L’hôtel de ville

J’ai poussé un peu plus loin sur la rue Clemenceau jusqu’à la place Jean Bart. Je suis alors passée devant l’église Saint Éloi. De l’autre côté de la rue se trouve le beffroi du même nom. De la même époque que la tour Leughenair, il servait de tour de guet et de repère pour les pêcheurs. Il fut rehaussé au 15ᵉ siècle pour servir de clocher à l’église Saint-Eloi. Il est possible aujourd’hui d’y monter pour avoir une vue panoramique, ce que je n’ai pas eu le temps de faire ; une autre fois peut-être ?

Enfin, juste après l’église se trouve la place Jean Bart avec au centre une statue le représentant. C’est un personnage célèbre de Dunkerque, un corsaire qui vécut au temps de Louis XIV. Il eut une histoire mouvementée : pirate à ses débuts, il finira commandant de marine en récompense de ses exploits. J’ai découvert ici un centre ville différent de ce qu’on a l’habitude de voir, la juxtaposition des bâtiments historiques et des immeubles plus récents. J’ai trouvé intéressant de voir comment la reconstruction a été envisagée.

Le port et ses transformations

Pour moi, Dunkerque, c’était surtout un port. Il faut dire que j’ai grandi dans une ville portuaire ou les balades du dimanche consistaient souvent à aller voir le déchargement des bateaux amenant des fruits et des bois exotiques ou encore le départ des morutiers. Je décidais donc d’aller faire un tour du côté des môles.
Aujourd’hui encore, Dunkerque occupe une place de choix en matière portuaire : il est le troisième plus grand port français, premier port bananier ; c’est une place stratégique pour l’accueil et la redistribution des marchandises en Europe.

Je n’ai probablement pas vu la partie la plus animée, mais, à ma satisfaction, je vis quelques gros bateaux amarrés. Et surtout, cette balade me permit de découvrir un lieu en pleine transformation. Ainsi, la halle aux sucres, bâtiment autrefois dédié à la réception et au stockage du sucre, a été transformé en Learning Center. C’est désormais un pôle de ressources, d’expertise et d’apprentissage sur le thème de l’écologie des villes et des territoires. Des expositions et des conférences s’y tiennent toute l’année. D’ailleurs, la communauté urbaine de Dunkerque fait partie des fondateurs des Assises Européennes de l’Energie, co-organisées en partenariat avec l’ADEME ; c’est un rendez-vous incontournable pour les acteurs engagés dans la transition énergétique.
Il y a aussi ce drôle de bâtiment avec des zébrures noires et blanches, baptisé Fructose : il sert de « base effervescente de soutien aux artistes ».
Un aperçu rapide au vu du temps dont je disposais. Au bout du môle 1, un pont tournant permet de revenir dans le centre ville. De là, la vue sur Dunkerque est assez jolie.

Vous avez dit carnaval ?

Comme dans de nombreux séminaires, il y avait ce soir-là un repas de gala. Quand tout à coup, le son d’une fanfare se fit entendre. Puis une bande de joyeux lurons serrés les uns contre les autres, portant des gilets rayés, des chapeaux couverts de badges et surtout tenant des parapluies jaunes et rouges perchés sur de hauts bâtons, s’invitèrent dans la salle. Leur bonne humeur emporta immédiatement l’adhésion. Les tables furent désertées, chacun rejoignant le groupe de carnavaleux, formant ainsi un immense amas humain bien compact ! Combien de fois ferons-nous le tour de la salle, je ne saurai le dire. La première ligne bloque l’avancée de toutes ses forces tandis qu’à l’arrière, c’est toute une salle qui pousse pour avancer. Portés par l’ambiance, chacun s’accroche à ses voisins. L’important est de rester solidaire pour avancer, essayer de ne pas reculer, de ne pas tomber…. Parfois, les pieds ne touchent plus terre. C’est un moment assez incroyable.

Un moment qui tirerait ses origines des festivités organisées avant le départ des morutiers pour des campagnes de pêche qui duraient plusieurs mois et qui parfois pouvaient coïncider avec le Mardi Gras . Ainsi, les traditions ont fini par se mêler pour donner naissance à la « Visscherbende », la bande de pêcheurs.

Au fil de mes sorties, j’ai aussi découvert la Maison des Phares et balises qui présente une belle architecture. J’ai traversé le jardin des sculptures où sont installées des œuvres d’art contemporaines. J’ai aperçu les bâtiments du FRAC, qui marquent l’aménagement du secteur Grand Large. Je n’ai pas quitté Dunkerque sans faire un dernier tour sur l’immense plage de Malo les Bains sur laquelle donnent les fenêtres du Palais des Congrès.

Dunkerque, une ville à découvrir

J’ai découvert une ville aux multiples visages : ville historique, ville reconstruite, ville balnéaire, ville portuaire. J’ai découvert une ville en pleine transformation ; le port fait l’objet de nombreux projets tous très intéressants à découvrir. Finalement, j’ai découvert une ville qui relève régulièrement des challenges : ainsi sa reconstruction de l’après-guerre, ainsi sa transformation actuelle pour changer son image de ville industrielle en ville culturelle. Pas facile, quand des usines très critiquées sont installées sur la zone portuaire… Alors, oui, pour toutes ces raisons, Dunkerque mérite qu’on y passe un peu de temps.

18 comments
  1. cahiernomade_admin

    Merci pour ce commentaire. Contente de vous avoir donné envie de vous y arrêter. Il y a en effet plein de choses à découvrir !

  2. Alexis - Le Petit Explorateur

    c’est joli et le fait de voir la neige, ça donne un petit quelque de paisible et de poétique, un peu hors du temps. Dunkerque est une ville que j’apprécie, justement car elle semble boudée et mal-aimée.
    merci pour ta participation 🙂

    1. cahiernomade_admin

      Merci à toi pour ce thème #EnFranceAussi qui nous fait découvrir plein de belles destinations.

  3. Martine Barbier

    Un véritable coup de coeur pour le beffroi et l’hôtel de ville, avec sa belle architecture. Les vieux gréements ne manquent pas de charme non plus. Une belle découverte d’une ville que je ne connais pas !

    1. cahiernomade_admin

      J’ai beaucoup aimé le beffroi aussi, symbole des villes du nord. Et dans le style, la maison des phares et balises aussi.

  4. tania

    ah c est marrrant j ai découvert Dunkerque cet été sous la canicule : 37 degrés qd même
    j ai bien aimé
    je sais que elle n a pas forcément bonne presse mais il faut y aller pour se faire un avis

    1. cahiernomade_admin

      Merci Tania pour ton commentaire. Ça doit être très sympa en été aussi. Contente que ça t’ait plu.

    1. cahiernomade_admin

      La neige sur la plage m’a laissé un sacré souvenir. Le port aussi, c’était en effet très particulier. Contente de savoir que tu avais également apprécié cette ville.

  5. Chacha Aventurière

    Ma fille a étudié quelques temps à Dunkerque, elle avait son appartement à Malo Les Bains. Cette dernière offre aussi de jolies choses à voir.
    Quand à Dunkerque, j’ai pris le temps de la découvrir un peu et il vrai que cette ville est surprenante

  6. Martine

    Merci de donner une autre image à cette ville qui pour ma part, n’est que synonyme de guerre et tristesse. Une coche de plus à faire sur la liste des villes à voir!

  7. Paule-Elise

    J’aime beaucoup Dunkerque, j’y ai de bons souvenirs. En février dernier, on y a passé quelques jours, à Malo les bains, sans neige mais avec beaucoup de vent. On avait la plage juste pour nous ! J’y retournerai avec plaisir.

  8. Anne LANDOIS-FAVRET

    Je ne connais pas du tout Dunkerque. J’avais à l’esprit une ville un peu tristoune. Mais il y a des beaux bâtiments historiques ! Les zones portuaires ne sont pas trop mon truc mais j’aime bien le Fructose ! 😀

  9. sophie

    C’est une destination que j’ai en tete depuis un moment. Je viens de découvrir grâce à toi que la plage de Malo-les-bains se trouvait à Dunkerque !! 🙂

  10. Delphine

    Une ville de la reconstruction. Je reconnais dans Dunkerque des caractéristiques proches de celles de Beauvais, où j’habite et qui est aussi une ville mal aimée. Bon, à Dunkerque, il y a la mer et le carnaval en plus ! Je connais mal ce coin mais la simple présence d’un port et d’un beau cordon littoral est un argument suffisant pour aller y faire un tour.

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